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Jan Fabre la vérité du corps

Par
Emmanuel Abela
Depuis toujours , le corps fascine l ’ artiste . En digne héritier des pionniers de la performance , le plasticien , chorégraphe et metteur en scène belge Jan Fabre l ’ éprouve pour mieux l ’ affranchir .

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D ans le domaine des arts , la question du corps comme matériau s ’ est posée au cours du XX e comme elle ne s ’ était jamais posée auparavant . Bien sûr , dans le domaine du théâtre ou de la danse , elle apparaissait comme une évidence bien avant que l ’ interrogation sur ses enjeux propres ne naisse dans la sphère artistique . Qu ’ il soit éprouvé ou magnifié , le corps apparaissait dans toute sa splendeur aussi bien dans l ’ Antiquité qu ’ à la Renaissance ou à l ’ époque baroque . Les grands maîtres poussaient les limites de sa dimension charnelle , légitimés en cela par le mystère de l ’ Incarnation . Dieu s ’ est fait chair , et si la chair reste l ’ objet d ’ interdit , sa représentation suscite la surenchère : Pierre Paul Rubens , Diego Velàzquez , Gustave Courbet et bien d ’ autres jouent sur les carnations au point de nous les rendre tangibles , palpables . Avec bien sûr toute la charge érotique qu ’ on peut leur associer . Figures mythologiques , scènes bibliques , corps nu de la femme , le corps est omniprésent , même s ’ il garde toute sa force de suspicion populaire – les regards se