DANS MA PEINTURE , JE ME LAISSE LA LIBERTÉ DE FAIRE CE QUE JE VEUX QUAND JE VEUX COMME JE VEUX . JE CONTINUE À FAIRE DE LA FIGURATION LIBRE .
Bien qu ’ on puisse y voir quelques résurgences du mouvement Cobra , cette génération de très jeunes peintres puise , à l ’ égal de certains artistes pop , dans leur background immédiat , les comics , la publicité , les mass-médias – la radio et la télévision , nouvellement en couleurs dans la deuxième moitié des années 70 – et la musique , pour créer une forme particulière , abrasive et singulière , de culture accessible à tous . « Le mouvement a réuni des artistes , nous explique-t-il , qui avaient un intérêt prononcé pour les arts dits populaires : la reproduction de peintures dans les livres d ’ enfant ou les manuels scolaires , la bande dessinée , les peintures d ’ enseignes africaines ; une culture populaire , qui ne rentrait pas dans les musées et à laquelle des gens comme moi qui venais d ’ un milieu populaire avions accès . J ’ ai fait mes premières peintures aux Beaux-Arts en reprenant sur la toile et en grand mes dessins d ’ enfants de batailles et de Mickey . J ’ ai fait en 1978 un tableau qui a rejoint les collections du Musée national d ’ art moderne − Centre Georges Pompidou , Mickey n ’ est plus la propriété de Walt il appartient à tout le monde . » D ’ où l ’ idée d ’ un art forcément populaire ? « Oui , l ’ idée de la Figuration libre c ’ est de faire avec les moyens du bord . On est pauvres , on n ’ a pas un rond , mais ça ne nous empêche pas , c ’ est le message du punk . Je vais peindre sur du contreplaqué , sur du carton et des peintures pour les murs et je joue avec une guitare à une corde . » Et de nous affirmer avec emphase : « Avec la création , le rêve nous appartient , le monde nous appartient . »
LE REMPLISSEUR D ’ ESPACE
Cette création passe par une surenchère constante , mesurée serions-nous tentés de rajouter , maîtrisée et sans doute méthodique malgré la spontanéité apparente . On sent chez lui une hésitation entre la précision du trait et le fait de recouvrir la scène centrale , de jeter un voile , un peu à la manière d ’ un de ses groupes fétiches , le Velvet Underground : la mélodie est là , mais elle est nappée d ’ incertitudes . Chez Robert Combas , la lisibilité de l ’ image s ’ en trouve rendue complexifiée . Est-ce une volonté de sa part d ’ offrir ainsi des images qui se lisent à différents niveaux ? « Je suis un capteur d ’ images , nous affirme-t-il avec force , j ’ absorbe et je restitue à ma façon . La bataille par exemple , est un sujet que j ’ ai commencé à peindre à mes tout débuts . Je l ’ ai toujours traité et je continue à le faire . » Il est vrai qu ’ on constate une récurrence . Et même s ’ il peut le nier , on ne peut s ’ empêcher de penser à ces grands peintres de l ’ histoire qui en ont fait un sujet de prédilection , Ucello , Altdorfer ou Tiepolo . Ces peintres y voyaient l ’ occasion d ’ un enchevêtrement plastique , avec une foultitude de possibilités . Robert y voit également autre chose : « La bataille est un sujet d ’ histoire et l ’ histoire se répète . J ’ ai fait un nombre incalculable de batailles , ça peut aller des Gaulois aux Gilets jaunes , car c ’ est un sujet qui nous permet d ’ évoluer dans toutes les époques et en peinture c ’ est un sujet complet : on y traite de la composition , des costumes , des armes , des armures , des corps , des émotions , de la violence , de la souffrance … »