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FIGURATION LIBRE

On les a vus déferler au cours des années 80 . Les membres de la Figuration Libre – ainsi baptisée par l ’ incontournable Ben –, qu ’ ils s ’ appellent Rémi Blanchard , François Boisrond , Robert Combas ou Hervé di Rosa , apportaient un vent de fraîcheur dans un milieu artistique eighties où l ’ esprit mondain avait fini par scléroser la création . En véritable avènement esthétique , le mouvement a eu le mérite de vanter la spontanéité créative et l ’ affirmation très punk que chacun peut devenir artiste à son tour . Fantasme heureux du D . I . Y . – Do It Yourself .
Ses membres ont refusé les filiations artistiques qu ’ on cherchait à leur attribuer – même si l ’ on peut y voir les résurgences libertaires de Cobra par exemple –, c ’ est ce qui leur a permis de puiser à foison dans la publicité , la bande dessinée , les mass-médias et la musique bien sûr , se revendiquant d ’ une culture urbaine délocalisée , y compris loin de la capitale : une culture de masse qui raille par effets de saturation la société de consommation et ses dérapages .

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Il en a résulté une approche formidablement excessive de figures et motifs ultra colorés de manière aussi débridée que réjouissante . La volonté de ces artistes d ’ affirmer leur plus profonde naïveté ne les a pas empêchés de connaître un très grand succès sur les marchés , alors qu ’ ils ont ouvert la voie à l ’ éclosion des « lieux d ’ artistes » très éloignés de toute forme d ’ institution . Avec aplomb , ils ont perverti la culture médiatique , l ’ investissant de l ’ intérieur , non pas à leurs fins propres – même s ’ ils en ont profité – mais pour inciter à une subversion sensible , loin de toute forme intellectualisée . Certains , comme leur parrain auto-affirmé Ben , y ont vu la réapparition de formes néo-dadaïstes . Eux n ’ ont jamais eu cure , ils préféraient s ’ adonner à la création de leurs univers imaginaires avec leurs monstres , leurs guerres , leurs méchants et leurs gentils .