Avec ce concept de Kraemer Gallery qui s ’ apparente pour l ’ instant à une galerie itinérante , invitée ici et là au gré des relations ...
Je me suis rendu compte dans ma carrière de coiffeur que parfois les hasards de la vie facilitent bien des choses – il s ’ avère que ce ne sont pas tout à fait des hasards mais d ’ heureux concours de circonstances . Quand l ’ artiste Didier Stein m ’ a suggéré d ’ inaugurer son nouvel espace à Sélestat , la Poudrière , avec un accrochage de mes œuvres , j ’ ai forcément sauté sur l ’ occasion . Le concept de galerie itinérante est né spontanément . Il s ’ avère que l ’ exposition , durant le temps très court d ’ un week-end , a atteint des niveaux de fréquentation incroyables avec près de 3000 visiteurs . J ’ ai pu constater l ’ envie que manifestent les gens à l ’ égard de l ’ art contemporain : ils étaient venus voir des pièces remarquables d ’ artistes connus , mais ont également eu l ’ occasion de découvrir des artistes , locaux , nationaux et internationaux que je leur amenais . Ils aiment se laisser se surprendre et guider par un regard avisé . Les échanges nombreux m ’ ont conforté dans l ’ idée de pousser plus loin . Dans la foulée , l ’ invitation de ST-ART 2022 est arrivée à point nommé : la carte blanche sur 150 m 2 qui m ’ est proposée me permet de révéler davantage la ligne artistique que je cherche à défendre .
Lors de cet accrochage inaugural se sont dessinés effectivement les contours de votre regard sur l ’ art . C ’ est également le cas à ST-ART .
Cette vision que j ’ évoquais précédemment , attachée à des déclinaisons pop , m ’ a permis d ’ investir d ’ autres champs artistiques ; c ’ est le cas de tous ces artistes africains que j ’ affectionne tant : Aboudia , Yeanzi , Boua ou Ategwa . Je n ’ invente rien , ils sont représentés par de belles galeries mondiales , on les a tous vus à la Biennale de Venise ou dans différentes expositions thématiques dans le monde . Mais peut-être étais-je là , en temps réel , à percevoir immédiatement leur intérêt ? Et peut-être puis-je me permettre d ’ être passeur de leur art à mon tour ? Parfois cette transmission passe par des mises en relation artistiques surprenantes : ça a été le cas à Sélestat avec une pièce admirable de Modigliani qui a fait sensation à Sélestat ou des œuvres de Combas , Schlosser ou Erró . Le visiteur y voit-il un lien ? Ça n ’ est pas forcément nécessaire . Mais en les mettant en relation , je lui raconte une histoire . Une Histoire de l ’ art en l ’ occurrence qui nous relate le passé pour mieux situer le présent . Voire l ’ avenir …
Vous vous lancez à un moment où les galeries constatent , du fait des crises successives , une baisse des ventes inquiétantes . N ’ est-ce pas hasardeux de lancer ce concept de galerie à un moment aussi préoccupant ?
La question n ’ est pas aisée . Nous savons que le marché de l ’ art contemporain vit actuellement des situations fortement contrastées . L ’ année 2022 a été compliquée pour certains galeristes hexagonaux dans la mesure où , face à l ’ inquiétude de l ’ évolution de la situation économique , les collectionneurs diffèrent parfois leurs achats . Après , je constate à titre personnel que , malgré tout , les œuvres continuent de se vendre et circuler fortement . Aujourd ’ hui , nous ne sommes pas en mesure de savoir de quoi sera fait l ’ avenir . À la crise sanitaire ont succédé la guerre en Ukraine et la crise énergétique . Nous allons malheureusement de surprise en surprise . Certains pourraient penser qu ’ il est hasardeux de se lancer dans l ’ aventure d ’ une galerie aujourd ’ hui . Alors , puis-je me montrer inquiet ? Aujourd ’ hui , qui ne l ’ est pas ? Non , j ’ avance avec la même détermination qui m ’ a conduit à créer mon propre groupe de coiffure au début des années 2000 : de manière passionnée et avec mon propre niveau d ’ expertise . Je connais bien les collectionneurs puisque j ’ en suis un . Je sais mesurer certaines limites mais je situe aussi leurs envies . J ’ y vais à pas mesurés , au gré des opportunités et même si mes ambitions sont véritables , je franchis les étapes , une à une : une exposition à Sélestat , une présence dans cette belle Foire européenne d ’ art contemporain à ST-ART , et demain sans doute ailleurs . Je constate les effets bénéfiques avec des sollicitations qui vont grandissantes et des marques de gratitude aussi bien de la part des visiteurs que des artistes eux-mêmes – certains d ’ entre eux , dont je suis fan , me font l ’ honneur de leur présence sur mon stand . Que demander de plus ? Je vis un rêve éveillé . Or justement je crois que l ’ art reste en capacité d ’ ouvrir une voie pour nos vies . Et je continue de fortement croire en l ’ avenir et en la force fédératrice et rayonnante de la création en général et de la création contemporaine en particulier .
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