Kanguq - Automne / Fall 2013 | Page 13

Nouvelles de la FCNQ / FCNQ News\r\nRichard Murdoch\r\n\r\n\r\nArt Nunavik\r\n\r\nNunavik Art\r\nCraig, Peter et Bernard Murdoch furent\r\nmes mentors, et ce fut là un privilège.\r\nChacun d’eux avait à cœur d’assurer un\r\nbrillant avenir à l’art inuit du Nunavik,\r\ntant du point de vue de la vente que de la\r\nmise en marché.\r\n\r\nC’est la Guilde canadienne des métiers d’art de Montréal qui, la première,\r\nconsacra une exposition à l’art inuit.\r\nL’accueil que l’on réserva à l’événement\r\nfut si enthousiaste que, dans la foulée,\r\nle gouvernement canadien, désireux de\r\nsusciter une activité économique dans le\r\nGrand Nord, intensifia ses efforts de mise\r\nen marché de cet art qui commençait à\r\ns’imposer. Il choisit de faire appel à des\r\ncompagnies du Sud, telle la Compagnie\r\nde la Baie d’Hudson. Les Inuit prirent\r\négalement part à cette commercialisation,\r\net leur volonté grandissante de prendre\r\nen main leur avenir déboucha, à la fin des\r\nannées 1950, sur la création de coopératives. De fait, en 1967, ils fondèrent la\r\nFédération des coopératives du NouveauQuébec (FCNQ), dont étaient membres,\r\nà cette époque, 5 des 14 communautés\r\ndu Nunavik. Cette même année se tenait\r\nl’Expo 67 de Montréal. Le pavillon du\r\nCanada se fit alors l’hôte d’artistes inuit et\r\nde leurs œuvres, ce qui offrit à l’art inuit\r\nun rayonnement international.\r\nJ’avais sept ans lorsque mon père, Peter,\r\nme donna la permission d’accompagner\r\nun groupe de sculpteurs lors d’un de leurs\r\nvoyages à Expo 67. Je me rappelle y avoir\r\nvu une sculpture de Isah Smiler. Plus\r\ntard, l’adolescence venue, j’en passai les\r\nderniers étés à dépaqueter des sculptures\r\nà la FCNQ. Ce fut pour moi l’occasion de\r\ndécouvrir et d’apprécier la grande habileté\r\nque requiert la sculpture de la stéatite.\r\nAvec le temps, je devins moi-même assez\r\nadroit pour être en mesure de restaurer\r\nles sculptures endommagées. Puis je passai au département des ventes. Au fil de\r\ntoutes ces années, Jim McDonagh, Mary\r\n\r\nAu cours des années 1960 et 1970, l’art\r\ninuit connût une sorte d’âge d’or. Les\r\nartistes étaient nombreux et si prolifiques que, rapidement, l’offre dépassa la\r\ndemande. Afin d’empêcher un fléchissement des ventes, les coopératives et la\r\nFCNQ décidèrent d’aller de l’avant et\r\nd’ouvrir des salles d’exposition à New York\r\net à Toronto, ainsi qu’un point de vente à\r\nMontréal. Le niveau des ventes grimpa,\r\nmais, malheureusement, retomba promptement, et le maintien des installations\r\ns’avéra si onéreux que nous ne comptons\r\nplus dorénavant qu’une salle d’exposition,\r\nsituée à Montréal.\r\nIl fut très tôt décidé que les coopératives\r\npaieraient les œuvres d’art dès leur arrivée\r\nen magasin. En se chargeant du fardeau\r\nfinancier que constitue un inventaire, les\r\ncoopératives permettaient aux sculpteurs\r\nde jouir sans tarder du fruit de leur travail, puisqu’ils n’avaient pas à attendre que\r\nleurs œuvres trouvent preneur pour être\r\nrémunérés, contrairement à la pratique\r\nrépandue dans le Sud. Les coopératives\r\ndevenaient en quelque sorte les agents\r\ndes sculpteurs, et ceux-ci pouvaient dès\r\nlors se consacrer entièrement à leur art,\r\naffranchis qu’ils étaient des devoirs et\r\nfrais de représentation, de transport et\r\nde recouvrement. Quant aux profits tirés\r\ndes ventes, ils retournaient directement\r\naux communautés, qui, les premières années, purent même s’enrichir de différents\r\nservices grâce à cela. La vente de sculptures garantissait par ailleurs d’excellents\r\nrevenus aux artistes. Mais les choses ont\r\nchangé, et les artistes doivent maintenant\r\ncomposer avec un marché où les sculptures anciennes remises en circulation\r\net les œuvres récentes se disputent les\r\nfaveurs d’acheteurs plus exigeants et avertis, et ce, dans un contexte économique\r\n\r\ninternational en proie aux compressions\r\nde toutes sortes.\r\nLa qualité est un incontournable en\r\nmatière d’œuvre d’art. D’inspiration très\r\ndiverse, les sculptures de la cuvée 2013\r\nen lice pour une place dans l’histoire\r\nobéissent à ce critère. Un texte explicatif\r\naccompagne chaque œuvre et souligne sa\r\nparticularité en rapportant son histoire\r\nainsi que les motivations et aspirations de\r\nl’artiste. La galerie d’art Canadian Arctic Gallery, en Suisse, a d’ailleurs été si\r\nimpressionnée par la collection qu’elle en\r\na acquis la majeure partie.\r\nIl est entendu que la mise en marché et\r\nla vente de l’art du Nunavik sont l’affaire\r\nde Art Nunavik. Cependant, gérer les\r\nstocks et faciliter les contacts entre le\r\nNord et le marché de l’art au Sud font\r\naussi partie de son mandat. Mattiusi\r\nIyaituk illustre bien ce fait, lui qui, dans\r\nle cadre du festival Scène du Nord, a pu\r\nexposer ses œuvres à la galerie Axenéo7,\r\nà Gatineau. Nous prévoyons également\r\nbonifier notre site Internet en y ajoutant\r\ndes outils destinés à nos détaillants et en\r\nprocédant à une mise à jour des biographies. Enfin, la récolte du duvet d’eider\r\ncompte également parmi les activités que\r\nnous supervisons. Ces dernières années,\r\nen dépit de la faiblesse du marché, les\r\ncueilleurs ont pu écouler leur marchandise dans les coopératives. Nous jugeons\r\ncette activité importante et nous réjouissons de voir le marché connaître actuellement un redressement.\r\nL’art a permis aux Inuit de partager leur\r\nriche héritage culturel et de se développer\r\nsur le plan économique. Présentement, le\r\nniveau des ventes d’œuvres d’art est tel que\r\nles coopératives essuient des pertes, mais\r\nle mouvement coopératif entend bien\r\nrester fidèle à son engagement de maintenir, voire d’améliorer, les conditions de vie\r\ndes artistes du Nunavik.\r\n\r\n\r\n