JUIN 2014_NO.2 | Page 18

L’évaluation La cueillette des données personnelles, l’histoire de l’accident, le diagnostic et les conditions associées, la date de la chirurgie et les interventions réalisées, les résultats aux examens radiologiques ou diagnostiques et les autres conditions de santé de la personne doivent faire partie de l’évaluation initiale du client. Le niveau de collaboration, de motivation du client ainsi que ses attentes relativement à sa récupération et à ses traitements sont aussi des éléments essentiels à considérer afin de s’assurer de l’implication du patient dans le plan d’intervention et d’obtenir ainsi des résultats optimaux en lien avec la pathologie. L’ergothérapeute obtient une multitude d’informations sur l’impact fonctionnel de la blessure par entrevue, mises en situation et observations. La posture du membre atteint nous indique si la personne a tendance à surprotéger le membre ou au contraire à le négliger et risquer de se blesser davantage. L’observation de l’apparence du membre atteint nous fournit également une multitude d’autres informations : présence de pansements, cicatrice avec ou sans points de suture, présence de signes trophiques pouvant indiquer que la personne développe un syndrome douloureux régional complexe (SDRC) (coloration changeante de la peau, apparence lustrée du membre, sudation anormale, pilosité plus abondante, changements au plan de la température). Par la suite, nous devons agir prioritairement sur les trois principaux symptômes survenant durant la phase inflammatoire : l’œdème, la douleur et la sensibilité. Le tableau 1 résume bien les questions à se poser et les outils à utiliser lors de l’évaluation initiale ou des réévaluations subséquentes. Symptômes Observations/Questions Outils d’évaluation Œdème Site, intensité, type ? Variabilité pendant la journée ? Au repos et après activité ? Facteurs aggravants / facilitants ? Appréciation subjective par rapport au membre sain Mesures circonférentielles Volumètre Douleur Site, intensité, type ? Variabilité pendant la journée et la nuit ? Au repos et pendant/après activité ? Facteurs aggravants / facilitants ? Échelle verbale sur 10 Échelle visuelle analogue Questionnaire McGill-Melzack sur la douleur Questionnaire douleur de St-Antoine Sensibilité Site, intensité, type ? Variabilité pendant la journée vs nuit ? Au repos et pendant / après activité ? Facteurs aggravants / facilitants ? Localisation Description subjective par le client Monofilaments Semmes-Weinstein Discrimination 2 points Tableau 1 – Synthèse de l’évaluation de l’oedème, de la douleur et de la sensibilité en ergothérapie. À l’évaluation initiale, un bilan articulaire est réalisé aux articulations non atteintes afin de vérifier la présence de raideurs articulaires et, si le diagnostic le permet, de vérifier l’amplitude articulaire de l’extension/flexion et de la pronation/supination du coude atteint. 18 Pour ce qui est de l’évaluation de la force musculaire, celle-ci est retardée vers la 8e semaine, à la phase de remodelage, pour éviter tout dommage aux structures en voie de guérison. À ce moment, la force de préhension sera évaluée à l’aide d’un dynamomètre de type Jamar et la force des pinces sera évaluée avec un pincemètre, selon les méthodes standardisées. Il n’y a pas de normes officielles pour la force du coude, cependant, la comparaison avec le membre non atteint est toujours requise. En général, le membre dominant est 5% à 10% plus fort que le membre non dominant et les hommes sont en moyenne deux fois plus forts que les femmes (Morrey et An, 2000). De plus, lors de la réalisation d’un bilan musculaire, la force du groupe musculaire des fléchisseurs est 30% à 40% supérieure à celle du groupe des extenseurs du coude, celle des supinateurs est environ 15% plus forte que celle des pronateurs (Davila, 2013). erg-go! REVUE DES ERGOTHÉRAPEUTES DU QUÉBEC Finalement, l’évaluation des différents domaines du rendement occupationnel est primordiale afin de pouvoir documenter le niveau fonctionnel pré trauma de la personne, mais également afin de déterminer les difficultés vécues par le client depuis l’accident. Pour mieux documenter cet aspect, l’ergothérapeute peut recourir à des mises en situation, à des tests standardisés ou à des questionnaires tels que le «Disabilities of Arm, Shoulder and Hand » (DASH) (version francophone validée par Durand, Vachon, Hong et Loisel, 2005), l’Échelle Mayo de Performance du Coude (MEPS) (Morrey et An, 2000) et la « Patient-Rated Elbow Evaluation » (PREE) publiée par MacDermid (2001). PLAN DE TRAITEMENT Fracture de type I L’enseignement au client sur la pathologie est essentiel pour assurer une bonne compréhension des symptômes et mieux comprendre les contre-indications à respecter, par exemple, d’éviter toute levée de charge initialement avec le membre atteint. Le contrôle de la douleur et de l’œdème sont les deux premiers objectifs à entreprendre. Le port d’un support commercial du coude ou un bandage compressif de type Tubigrip peut être sug