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jette info culture
Au pays des bunkers et des pyramides
Voyage en Albanie avec la Jettoise Elona Zhana
douloureux pour certains Albanais, mais
aussi parce que le roman s’adresse à ceux
qui connaissent moins le passé communiste
de ce pays : « J’ai une fille de 18 ans qui est
née ici et qui ne connaît pas bien l’histoire
de l’Albanie. C’est pourtant aussi son histoire
puisque le roman m’a été fortement inspiré
par les récits de mon papa », explique la ro-
mancière. L’histoire est évidemment romancé,
mais le personnage central du roman, Bra-
him, incarne ces témoignages précieux sur un
pays et une époque.
coup de retours positifs », se réjouit-elle.
Vous avez envie de découvrir son récit ?
Le roman est en vente à Jette, chez Mot Pas-
sant et chez Presse et lis ainsi que sur de
nombreux sites d’achat en ligne.
Raconter le communisme
Nous avions rencontré Elona Zhana au
mois de mai, dans le cadre de la série
‘Jettois du monde’ pour laquelle elle
nous avait parlé de son pays, l’Alba-
nie, et de sa vie à elle, en Belgique, à
Jette plus exactement. Ce mois-ci, elle
nous parle de son roman intitulé ‘Au
pays des bunkers et des pyramides’,
le premier en français.
Parler du communisme est un exercice
compliqué parce que le sujet est encore
tabou et réfère à une période sombre de
l’histoire de l’Albanie : « Près d’une personne
sur 10 a été incarcérée ou déportée durant le
régime communiste albanais. Et les choses
ne se sont pas arrangées avec la chute du
système ». Le titre du roman renvoie d’ail-
leurs à deux symboles forts qui incarnent ce
passé chaotique : « Sous le gouvernement
d’Enver Hoxha, 50 à 70.000 bunkers ont été
construits dans le pays. Ils sont encore visi-
bles un peu partout aujourd’hui », raconte la
sympathique Jettoise. « Quant aux pyra-
mides, il s’agit d’un système financier qui a
vu le jour après la chute du communisme.
Les habitants y ont vu une opportunité de
s’enrichir grâce au capitalisme, mais beau-
coup se sont retrouvés démunis car le sys-
tème était corrompu. »
Recul et mise en perpective
E
lona Zhana n’en est pas à son coup
d’essai en matière d’écriture. Déjà
auteure de recueils de poésie et de
deux romans en albanais, elle écrit
aussi régulièrement pour la presse et est
férue de lecture. Une passion qui lui vient de
son papa, l’homme qui lui a aussi inspiré ce
roman à caractère historique.
Histoire de famille
Destiné au départ à une publication en al-
banais, ‘Au pays des bunkers et des pyra-
mides’ a finalement vu le jour en français…
Parce que les sujets dont il traite sont encore
Si elle a conscience que le sujet n’est pas
joyeux, Elona Zhana a cependant à cœur de
ne pas s’appesantir sur le passé et elle
adopte un ton plutôt léger : « Je pense que
le fait de vivre depuis près de 20 ans en Bel-
gique m’a donné le recul nécessaire », confie-
t-elle. La préface, écrite par Besnik Mustafaj,
écrivain albanais, ex-politicien et ami du
papa d’Elona Zhana, permet quant à elle de
mettre en perspective le roman par rapport
au contexte politique actuel du pays. Et pour
l’instant la romancière est ravie des réactions
que suscitent sur son roman : « Commercia-
lement parlant, l’Albanie n’est pas un sujet
vendeur, mais je suis étonnée car j’ai beau-
Quatrième de couverture
Brahim ne fut pas très inspiré sur
le choix de l'endroit et du moment
où il est né. Sa maladresse l'a fait
venir au monde dans un pays qui,
sans avoir eu le temps de sortir du
Moyen Age, venait de tomber pour
cinquante ans sous la férule d'une
des dictatures les plus impitoya-
bles de l'Europe de l'Est : l'Alba-
nie. Pourtant Brahim s'accroche à
la vie et se fait une place dans la
Kadarie, son pays sublimé par
l'écrivain Ismail Kadare. Il traverse
toute la période communiste. La
dictature était cruelle. Sa chute et
la liberté retrouvée seront chao-
tiques. Ce profil du personnage
donne à l'auteure la possibilité de
reconstituer le contexte de l'his-
toire politique en se tenant à dis-
tance à la fois du victimisme et de
la mélancolie.
Au pays des bunkers et des pyra-
mides
Editions L’Harmattan
Prix : 20 ¤