SANTÉ PSYCHOLOGIQUE
Être thérapeute sans y laisser sa peau! Par Katherine
Barr, thérapeute en relation
d’aide – régulateur– animatrice
d’ateliers
Être thérapeute n’est pas toujours
facile. Nous rencontrons tous un
jour au l’autre, au fil de notre
pratique, des clients qui nous
déstabilisent, qui nous touchent
droit au coeur, ou qui nous font
sortir de nos gonds. En faire trop,
culpabiliser, exiger de nous le
meilleur…d’autres pièges qui
nous guettent et qui nous
poussent vers l’épuisement. Et si
on se donnait le droit de reconnaître nos limites? D’accueillir les
émotions qui découlent de nos
liens thérapeutiques? Katherine
Barr nous livre ici une réflexion
drôlement intéressante sur le
sujet.
Katherine Barr est thérapeute en
relation d’aide. Elle offre des
consultations en relation d’aide
pour individus et couples. Elle
offre aussi des sessions de régulation ainsi que des groupes de
soutien pour les thérapeutes qui
désirent approfondir leur déclencheurs en lien avec leurs aidés.
INTRODUCTION
Comme thérapeute oeuvrant
dans le soutien aux autres, nous
sommes nécessairement l’outil
principal de nos interventions
avec chaque individu. Peu
importe nos techniques et notre
savoir ...Notre humanité, notre
empathie ainsi que notre souci
réel de l’autre sont au coeur de
nos rencontres avec l’aidé. Si
nous sommes suffisamment
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conscients de ce que nous pouvons lui offrir, et avons été formés
pour soutenir une démarche de
mieux-être chez l’autre, qu’en
est-il du soutien à l’aidant que
nous sommes ? Quelle place
occupe
le
soin
envers
nous-même dans notre vision
professionnelle? Quels sont les
pièges et risques ainsi que les
impacts envers nos aidés ? Loin
d’être une question à réponse
simple, ces interrogations nous
renvoient à notre vision de ce que
signifie «aider», ainsi qu’au rôle de
l’aidant dans le processus de
mieux-être de la personne. Voici
donc quelques pistes de
réflexion... …
LES SOUFFRANCES CHEZ
L’AIDANT: ÉCOUTER ET ACCEPTER NOTRE VULNÉRABILITÉ
Lors de toutes rencontres
humaines,
des
émotions
agréables
ou
désagréables
peuvent être déclenchées par
l’autre. Ce que l’aidé est, résonnera inévitablement avec ce que
nous sommes, et viendra réveiller
en nous des vécus et des vulnérabilités qui nous appartiennent.
Trop souvent, nous avons appris,
par nos relations antérieures et
notre éducation, à associer vulnérabilité avec faiblesse ou fragilité.
Nous avons honte de nos vulnérabilités, de nos souffrances et de
nos zones sensibles. Nous
avons appris à nous en défendre,
à les cacher et à nous masquer.
Pourtant, la vulnérabilité est tout
simplement notre réalité humaine.
Vouloir se couper de cette vulnérabilité, au nom du professionnalisme et de la distance thérapeutique, est à mon avis un des plus
grands pièges qui guette toute
personne en relation d’aide. Le
risque est alors de nous enfermer
dans un technicisme et une
froideur professionnelle. Ainsi,
cela dénude la rencontre de toute
sa chaleur humaine et empathique qui sont des facteurs
contribuant habituellement au
mieux-être de l’aidé.
Certes, il nous faut savoir comment gérer ces vécus dans la
relation avec l’aidé. Cependant, il
faut savoir gérer notre ouverture
et transparence par rapport à
notre ressenti de manière différente que dans notre sphère
privée. Ceci étant dit, il faut
accepter notre vécu vulnérable et
en prendre soin.
Accepter et écouter notre vulnérabilité c’est accepter de ressentir
nos émotions, toutes nos émotions, non seulement celles qui
sont agréables ou acceptables à
nos yeux.
LES ZONES VULNÉRABLES
SOUVENT
DÉCLENCHÉES
CH V