JANVIER 2014_NO.1 | Page 18

SANTÉ PSYCHOLOGIQUE Être thérapeute sans y laisser sa peau! Par Katherine Barr, thérapeute en relation d’aide – régulateur– animatrice d’ateliers Être thérapeute n’est pas toujours facile. Nous rencontrons tous un jour au l’autre, au fil de notre pratique, des clients qui nous déstabilisent, qui nous touchent droit au coeur, ou qui nous font sortir de nos gonds. En faire trop, culpabiliser, exiger de nous le meilleur…d’autres pièges qui nous guettent et qui nous poussent vers l’épuisement. Et si on se donnait le droit de reconnaître nos limites? D’accueillir les émotions qui découlent de nos liens thérapeutiques? Katherine Barr nous livre ici une réflexion drôlement intéressante sur le sujet. Katherine Barr est thérapeute en relation d’aide. Elle offre des consultations en relation d’aide pour individus et couples. Elle offre aussi des sessions de régulation ainsi que des groupes de soutien pour les thérapeutes qui désirent approfondir leur déclencheurs en lien avec leurs aidés. INTRODUCTION Comme thérapeute oeuvrant dans le soutien aux autres, nous sommes nécessairement l’outil principal de nos interventions avec chaque individu. Peu importe nos techniques et notre savoir ...Notre humanité, notre empathie ainsi que notre souci réel de l’autre sont au coeur de nos rencontres avec l’aidé. Si nous sommes suffisamment 18 conscients de ce que nous pouvons lui offrir, et avons été formés pour soutenir une démarche de mieux-être chez l’autre, qu’en est-il du soutien à l’aidant que nous sommes ? Quelle place occupe le soin envers nous-même dans notre vision professionnelle? Quels sont les pièges et risques ainsi que les impacts envers nos aidés ? Loin d’être une question à réponse simple, ces interrogations nous renvoient à notre vision de ce que signifie «aider», ainsi qu’au rôle de l’aidant dans le processus de mieux-être de la personne. Voici donc quelques pistes de réflexion... … LES SOUFFRANCES CHEZ L’AIDANT: ÉCOUTER ET ACCEPTER NOTRE VULNÉRABILITÉ Lors de toutes rencontres humaines, des émotions agréables ou désagréables peuvent être déclenchées par l’autre. Ce que l’aidé est, résonnera inévitablement avec ce que nous sommes, et viendra réveiller en nous des vécus et des vulnérabilités qui nous appartiennent. Trop souvent, nous avons appris, par nos relations antérieures et notre éducation, à associer vulnérabilité avec faiblesse ou fragilité. Nous avons honte de nos vulnérabilités, de nos souffrances et de nos zones sensibles. Nous avons appris à nous en défendre, à les cacher et à nous masquer. Pourtant, la vulnérabilité est tout simplement notre réalité humaine. Vouloir se couper de cette vulnérabilité, au nom du professionnalisme et de la distance thérapeutique, est à mon avis un des plus grands pièges qui guette toute personne en relation d’aide. Le risque est alors de nous enfermer dans un technicisme et une froideur professionnelle. Ainsi, cela dénude la rencontre de toute sa chaleur humaine et empathique qui sont des facteurs contribuant habituellement au mieux-être de l’aidé. Certes, il nous faut savoir comment gérer ces vécus dans la relation avec l’aidé. Cependant, il faut savoir gérer notre ouverture et transparence par rapport à notre ressenti de manière différente que dans notre sphère privée. Ceci étant dit, il faut accepter notre vécu vulnérable et en prendre soin. Accepter et écouter notre vulnérabilité c’est accepter de ressentir nos émotions, toutes nos émotions, non seulement celles qui sont agréables ou acceptables à nos yeux. LES ZONES VULNÉRABLES SOUVENT DÉCLENCHÉES CH V