JANVIER 2014_NO.1 | Page 16

• M-58 : ergothérapeute (Pour détailler uniquement la partie pratique de l’évaluation des aptitudes, à la demande de la SAAQ, lorsque des précisions additionnelles sont nécessaires ou en présence de changements dans le dossier. Généralement, un formulaire M-57 a été récemment complété). Le département d’évaluation médicale de la SAAQ est responsable de trancher sur les formulaires nécessaires à remplir pour l’étude du dossier de chaque conducteur. Comme ergothérapeute, il est primordial de prendre connaissance de tous les documents remplis par les autres intervenants et ce, afin d’avoir un portrait global du client, de se forger une bonne opinion clinique et de guider ainsi nos recommandations à la SAAQ. Nous pouvons aussi demander qu’un autre professionnel de la santé documente davantage un aspect spécifique de la santé du client. Par exemple, l’ergothérapeute peut demander une consultation en neuropsychologie. Pour offrir un aperçu des tests réalisés par l’ergothérapeute, il faut d’abord savoir que l’évaluation se déroule en deux rencontres. La première se déroule en salle (milieu clinique ou chez le client) et la deuxième se déroule sur la route en présence d’un moniteur de conduite, avec un véhicule adapté muni d’un frein auxiliaire du côté passager. Une bonne complicité entre l’ergothérapeute et le moniteur de conduite facilite le processus. L’évaluation en salle inclut la collecte de données, constituée 16 entre autres du bilan médical, du bilan moteur et de questions sur les habitudes de conduite. Ensuite, divers tests perceptivo-cognitifs sont administrés, des plus traditionnels comme le Test des cloches (Gauthier, Dehaut et Joanette, 1989), le Motor-Free Visual Perception Test-3 (Colarusso et Hammill, 2003), le Mini-Mental State Evaluation (Folstein, Folstein et McHugh, 1975), le Protocole d'examen cognitif de la personne âgée-2r (Geneau et Taillefer, 1996) aux plus spécifiques comme les tests de temps de réaction et le Useful Field of View (Ball et Owsley, 1992). La partie pratique de l’évaluation correspond au test de conduite d’un véhicule de promenade (classe 5), et dure généralement de 50 à 60 minutes. Il peut parfois s’avérer pertinent de prolonger la durée du test à 90 minutes pour évaluer le niveau de fatigabilité ou encore les distances de kilométrage autour d’un domicile, aux 4 points cardinaux, dans certaines circonstances particulières (ex. pour l’ajout/retrait de restrictions de kilométrage sur le permis). Selon la pertinence et la logistique de l’évaluation, il est possible de débuter le trajet à partir du lieu de travail de l’ergothérapeute ou du domicile du client. Une fois le test sur route complété, il est de mise de transmettre au client, dans les minutes qui suivent, le contenu de la recommandation qui sera transmise à la SAAQ, ainsi que le rationnel en découlant. Pour ce faire, des exemples de comportements observés peuvent être rapportés au client, selon sa réceptivité, tout en faisant des liens avec les habi- letés, connaissances et/ou habitudes adéquates ou déficitaires. Il est intéressant d’effectuer la transmission des résultats en compagnie du moniteur de conduite, car la rétroaction est plus facile à donner et cela engendre une hausse de la crédibilité auprès du client et/ou de son accompagnateur. Voici quelques exemples d’erreurs fréquemment observées lors du test de conduite pour certaines clientèles. Chez la clientèle âgée, on peut observer l’action d’arrêter brusquement, car les personnes âgées sont susceptibles de détecter tardivement les obstacles devant être évités ou le changement de couleurs des feux de circulation en raison d’habiletés perceptuelles déficitaires ou mal utilisées. Les personnes ayant subi un AVC avec hémi-négligence du côté gauche pourraient voir tardivement les éléments se trouvant à leur gauche, tel un piéton voulant traverser la rue. Avec la clientèle présentant un TCC, on observe souvent une difficulté à traverser l’intersection d’un boulevard à plusieurs voies aux heures de pointe, car cela implique une grande quantité d’informations à percevoir et traiter, cette clientèle présentant des lacunes au plan de l’attention partagée. Ainsi, une simple conversation dans le véhicule pourrait être dangereuse au bon traitement de l’information environnementale. ERG-GO! Revue des ergothérapeutes du Québec - Janvier 2014 - Numéro 1