Le BIXI, a-t-il un avenir?
Éditorial
Le BIXI fait à nouveau la manchette des journaux.
“Bixi frappe un mur, BIXI roule vers la faillite...”
Ce serait peut être drôle si, un jour ou l’autre, le
contribuable n’ait pas une fois de plus à payer les
pots cassés. Bien que personne ne le souhaite,
qui peut le garantir?
Par ambition? On a pris un projet novateur et
exceptionnel, qui aurait pu grandir en beauté,
et procédé non pas comme se doit de le faire
toute entreprise qui veut bien s’implanter, mais
en «bulldozer» qui s’impose. Si on avait fait
correctement les choses! Non, on a été trop
gourmand, on voyait grand! Après un an de
succès, en réalité la seule (courte mais fructueuse,
admettons-le) saison de 2009, on s’est lancé,
sans trop compter, jusqu’à jouer sur la scène
internationale. Croyant le succès déjà assuré? La
confiance aveuglait-elle tellement administrations
et gestionnaires?
Il faut croire que oui, les chiffres et les faits sont là
pour le prouver.
Bixi se place, dorénavant, sous la protection de la
Loi sur la faillite. Et elle y est obligée par la Ville
de Montréal, principal créancier de la Société
avec un prêt de 37 millions accordé en 2011. M.
Denis Coderre, maire de Montréal, préfère agir
maintenant car attendre c’est courir à sa perte,
c’est à dire exposer la Ville à des risques financiers.
«Ça commence à faire beaucoup d’argent que
Montréal investit là-dedans. S’il y a une chance
de sauver BIXI, c’est par l’entremise de la Loi sur
la faillite.» a-il déclaré.
BIXI doit un solde de 31,6 millions, et a une
garantie de prêt de 11 millions, dont 6,4 M$ sont
déjà engagés. Les actifs de la SVLS (Société
de vélo libre service) sont de 11M$. M. Coderre
a souligné que «Ce n’est pas aux contribuables
d’assumer le risque financier lié à un projet
d’affaires. Nous avons la responsabilité de veiller
aux intérêts des Montréalais et c’est ce que nous
faisons.» Comme le maire de Montréal, M. Pierre
Desrochers, président du comité exécutif a aussi
assuré que «tous les efforts seront déployés pour
vendre les activités internationales de BIXI».
En conférence de presse, M. Coderre a de plus
promis que la saison prochaine les BIXI seront là,
et ce, malgré la mauvaise situation financière de
la société. Que les abonnés se rassurent!
Mais qui aura perdu si tout s’écroule? Louer des
bicyclettes, c’est une entreprise qui demande une
gestion aussi compétente que n’importe quelle
autre! Il est difficile de croire que tout un Comité
d’administration ait vu s’accumuler des dettes de
cet ordre sans bouger. À moins, peut-être, de bien
fermer les yeux ou d’en tirer profit? Cela sème une
fois de plus un doute de magouille et compagnie!
Et pourtant... c’était un projet fantastique, qui
tous les jours de beau temps nous revigorait le
«Québécois»! On se sentait, pour un moment,
comme un adolescent en vacances à pédaler.
Dommage que l’hiver soit si long au Canada et que
parfois, il faut l’avouer, la voiture soit nécessaire.
Ne soyons pas pessimistes pour autant, BIXI
a encore une chance de se relever. Pourquoi le
projet devrait-il disparaître? Travaillons le concept,
réorganisons les activités et surtout soyons plus
vigilants quant à la gestion et aux garanties qui
seront données aux contribuables.
BIXI a assurément une place dans toute grande
ville qui se soucie de son environnement et de ses
concitoyens!
Le Journal Horizon Weekend - 25 Janvier 2014 - Page 3