Horizon Weekend Montréal 03 Août 2014 | Page 3

• Éditorial Sauver Hexagone? Pas si vite. Par Nicolas Godin Le député de St-Jérôme, Pierre Karl Péladeau, a récemment plaidé en faveur d’un sauvetage du groupe de construction Hexagone, une compagnie qui éprouverait des problèmes financiers. Alors qu’il considère la firme comme un ‘fleuron’ de l’économie québécoise, M. Péladeau estime que sa vente à une entreprise étrangère serait une perte importante pour la province. Il croit ainsi qu’une intervention gouvernementale serait appropriée afin de maintenir ici le contrôle des actifs du groupe. Bien qu’il soit évident que nul ne désire voir le Québec perdre un siège social, on doit cependant se demander si le jeu en vaut bien la chandelle. En effet, les ennuis d’Hexagone remontent à plus loin que ses récents déboires de financement, alors que les actifs de la firme ont été acquis du ‘célèbre’ Tony Accurso. On sait effectivement que ce dernier fût forcé de vendre ses compagnies en 2013 au moment où les révélations de l’Unité permanente anticorruption (UPAC) et le resserrement des règles éthiques rendaient intenable sa position comme propriétaire du groupe de construction. Des problèmes d’accréditation Or, depuis décembre 2013, une accréditation de l’Autorité des marchés financiers (AMF) est aussi nécessaire pour effectuer une soumission sur les contrats publics de plus de 10 millions$. Hexagone n’a pas été en mesure d’obtenir cette certification avant janvier 2014, ce qui aurait coûté plus de 150 millions$ en contrats à la firme. Alors que son concurrent Dessau se réorganisait complètement avec de nouvelles normes de gouvernance, Hexagone peinait donc à tenter de faire reconnaitre ses méthodes. Joël Gauthier à la présidence La sélection de l’ancien directeur général du parti libéral du Québec, Joël Gauthier, comme président d’Hexagone n’est pas non plus l’idée du siècle. Cet ex-PDG de l’AMT a été forcé de quitter son poste en juin dernier suivant les actions de l’UPAC. Aujourd’hui impliqué dans certaines histoires d’ingérence en matière d’octroi de contrats, il est fort probable que le passage de M. Gauthier ne donne pas confiance aux clients potentiels de la compagnie. En ce sens, peut-on blâmer les sociétés publiques de tarder à traiter avec Hexagone? Sans doute que non. Ainsi, avant d’investir l’argent du public dans le sauvetage d’une entreprise, il faudrait probablement se demander si sa dissolution ne serait pas une meilleure idée. Alors qu’il est clair qu’Hexagone n’a pas pris au sérieux le besoin d’un changement éthique en profondeur, on serait bien tenté de laisser le groupe disparaitre afin de tourner la page sur des événements bien tristes de l’histoire récente du Québec. Horizon Weekend - Montréal, 03 Août 2014 -- Page 3 Horizon Weekend - Montréal, 03 Août 2014 Page 3