HISTOIRE & PATRIMOINE - n° 99 - novembre 2020 novembre 2020 | Page 3

Éditorial

Ce trop fameux virus continue de mener la danse . Il se propage , sans gêne , il guette chacun , prêt à s ’ inviter chez tous . Les plus forts résistent . Les plus faibles disparaissent . Règne la loi du monde sauvage . Notre revue , elle , ne disparait pas . Nous ne pouvons pas nous réunir , mais elle est le trait d ’ union entre les adhérents , les lecteurs , et les auteurs . Son importance , sa raison d ’ être , en est d ’ autant plus affirmée . Nous continuons de décrire la vie locale passée et son lien avec le présent . Ainsi , découvrons-nous le destin tragique d ’ un résistant nazairien , Frédéric Sérazin et de son épouse . Emprisonné , torturé , il fut exécuté par la Gestapo , et son épouse , France Bloch , guillotinée , en Allemagne . Les maires qui se succèdent , à Saint-Nazaire , participent , activement , à l ’ histoire de leur ville . Leur rôle , dans les périodes difficiles , est déterminant , notamment , bien sûr , dans l ’ immédiat après-guerre , quand tout est à reconstruire , quand la vie ne reprend pas dans l ’ abondance et la facilité . L ’ histoire ne comporte pas que des conflits , elle se reflète dans les œuvres d ’ art qu ’ elle inspire . Les artistes , aussi , ont droit à la notoriété , telle Madeleine Massonneau . Nous lui devons la fresque , fraîchement restaurée , sur les murs du hall d ’ entrée de l ’ ancienne école Jean Jaurès . Au Jardin des Plantes , une statue , La Faunesse , œuvre du sculpteur Charles Despiau , elle aussi récemment restaurée , fait , tout comme la fresque , partie du programme engagé par la Ville de Saint-Nazaire . Tous les hommes n ’ ont pas le même destin . Certains , issus de familles très aisées , peuvent suivre des études et fréquenter , ensuite , des milieux intellectuels et huppés . Gustave Bord est de ceux-là . Ses écrits sont une source de documentation historique . Le récit de sa vie , un regard sur la société de son temps . La vision d ’ une certaine architecture nous est donnée par ce qui reste des villas balnéaires . Certaines demandent de la curiosité pour être découvertes , parmi les hautes herbes et arbustes , qu ’ il faut écarter , et dans les archives , qu ’ il faut consulter . C ’ est ce qu ’ a fait l ’ auteur de cet article , consacré à la villa / château des Charmilles , à Porcé . Nous faisons un tout autre genre de découverte en lisant l ’ enquête sur la maison appelée « Ker Eugénie » à Méan , ancienne demeure d ’ un capitaine au long cours , qui s ’ inscrit dans l ’ inventaire du patrimoine architectural de Saint-Nazaire . Notre ville a , aussi , une histoire ouvrière , dans laquelle nous nous plongeons , à travers le parcours de Nestor Rombeaut , entré dans le monde du travail , à 18 ans , comme soudeur à l ’ arc . Il a suivi , au fil des années , une trajectoire peu commune : leader syndical , député , vice-président de groupe , très actif ( surtout sur des thématiques sociales , liées au monde du travail ), à l ’ Assemblée nationale , de 1958 à 1962 . Dans la partie ouest de la presqu ’ île , à Mesquer , nous découvrons des croix et calvaires , qui sont les témoins et traces de la vie des habitants . L ’ auteur nous entraine dans son travail de recherches , méticuleux , précis , et joliment illustré . Éloignons-nous , un peu , de la presqu ’ île , vers le Finistère et Belle-Île , sur les pas de celle qui a été surnommée , par les îliens , « La bonne dame de Penhoët » ( Penhoët est un lieudit de Belle-Île ), Sarah Bernhardt . L ’ auteur évoque les liens de la grande artiste avec la Bretagne et nous dévoile quelques points de son histoire . En Bretagne , Vauban , l ’ ingénieur et architecte de Louis XIV , a laissé de nombreuses traces de son passage , le long du littoral . L ’ article passe en revue les principales réalisations , dans notre région , de celui qui a apporté une contribution majeure à l ’ architecture militaire de son époque . Notre aumônier breton continue son périple . Il remplit sa mission d ’ évangélisation des habitants de la côte africaine . Son texte présente toujours un grand intérêt . C ’ est un témoignage précieux , car il nous fait partager , en détail , sa vie ecclésiastique et maritime , au milieu du XIX e siècle . Un pays qui aurait oublié totalement son histoire , et même sa langue , n ’ existerait plus , ou serait sur le déclin . Désormais , les outils numériques , à la portée de tous , ouvrent la porte à chacun . Il en est ainsi pour les archives de Saint-Nazaire , qui viennent d ’ être mises en ligne , facilement accessibles , dans un portail dédié , très fonctionnel . Pour terminer la lecture des articles parus dans notre revue , tous documentés , évocateurs , surprenants parfois , en un mot , tous sérieux , une nouvelle vient solliciter l ’ imaginaire étayé du raisonnement . Les personnages sont des gens respectables , mais ils évoluent dans un environnement particulier , les circonstances le sont tout autant . À la différence de certains films , on ne trouve , pour nous guider , aucune empreinte , ni enquête , ni preuve . L ’ action se déroule chez nous , à quelques kilomètres de notre côte . C ’ est vous qui jugerez …

Christiane Marchocki .
1 ère page de couverture : Vue partielle ( mur sud ) de la fresque , de Madeleine Massonneau , qui couvre les quatre murs du hall d ’ entrée de l ' ancienne école Jean-Jaurès , à Saint-Nazaire .
( Les ports de Saint-Nazaire , Pillet - Inventaire du Patrimoine culturel . Région des Pays de la Loire )
novembre 2020 - HISTOIRE & PATRIMOINE - n ° 99 — 1