L ’ émigration italienne a été forte entre la fin du XIX e siècle et la première moitié du XX e siècle en France . L ’ Est , la région parisienne et le Sud-Ouest ont connu une part importante de celle-ci . Le Nord-Ouest de l ’ hexagone a moins ressenti cette vague migratoire , cela s ’ expliquant certainement par l ’ éloignement géographique et aussi par globalement une nécessité moindre d ’ une main d ’ œuvre extérieure .
Toutefois , il existait par endroit des berceaux migratoires . L ’ un d ’ entre eux , probablement l ’ un des plus importants du grand-Ouest sur une seule année , fut l ’ arrivée en 1924 d ’ une soixantaine de familles italiennes à Saint-Nazaire . À cette époque , durant les années folles , la population venant de sortir du premier conflit mondial , il y avait un peu partout une envie de réjouissances . Les nations avaient aussi l ’ ambition de redresser l ’ économie malmenée par tant d ’ années de souffrance . Les grandes puissances européennes se lancèrent dans le développement de transatlantiques , l ’ Angleterre et la France en tête ayant une façade directe sur l ’ Océan . La France venait de construire quelques paquebots de renom comme le Paris , mais un autre projet naissait , celui de construire un navire encore plus grand , et plus beau . Son nom de code le R5 , il fut appelé par la suite Îlede-France . La ville de Paris allait aussi recevoir en 1925 , l ’ exposition internationale de l ’ art décoratif .
Ce nouveau navire , application directe des suites du salon , allait être l ’ ambassadeur pour la France , une véritable vitrine à trois niveaux de tout ce qui se faisait de mieux pour l ’ époque , dans le domaine technique , artistique et gastronomique .
Le besoin de main-d ’ œuvre extérieure
Le site portuaire de Saint-Nazaire pouvait permettre la construction de ce nouveau géant des mers représentatif . Mais , cette ville , aujourd ’ hui capitale de la construction navale française , avait besoin de main-d ’ œuvre supplémentaire pour fabriquer la coque du navire . C ’ est en Italie que des émissaires des Chantiers de Penhoët , le nom de l ’ entreprise de l ’ époque , sont allés les chercher . En particulier en Ligurie , sur les ports de Gênes et La Spézia ils trouvèrent des familles en quête d ’ une autre vie , dans un contexte politique et économique difficile dans la péninsule à ce moment-là .
Ci-contre Chromo ( Image lithographique en couleurs ) du paquebot Ile-de-France . Première version , à trois cheminées .
( Collection M . Gourlay – Photo ELD - Néo Chromo , Paris )
Page de gauche Groupe d ’ enfants , dans la cour de l ’ Hôtel des célibataires , à Saint-Nazaire , devant des joueurs de boules , en 1929 . Silvio Rossetti ( père de l ’ auteur ) est le premier enfant , en partant de la gauche .
( Carte postale Heurtebise , Le Pouliguen - Collection familiale ) juillet 2021 - HISTOIRE & PATRIMOINE - n ° 101 — 37