3.3.2 Modèles éducatifs, d’autres postures
Alysson, animatrice, à dominante BLEUE
S’il mange des boulettes une fois, on ne va pas en faire… tout un plat !
Je lui mets une boulette dans son assiette et lui fais un clin d’œil :
on ne dira rien à Papa et Maman !
Nadia, accueillante, à dominante VERTE
Si on demande aux parents de compléter une fiche médicale reprenant notamment les habitudes alimentaires, ce n’est pas pour rien. Je
n’ai pas à me substituer aux parents. Je dis au jeune que ses parents
ne souhaitent pas qu’il mange de la viande. Les plats végétariens
ont été préparés spécialement à son intention.
Jérémy, animateur, à dominante ORANGE
Difficile à 8 ans de comprendre les enjeux du végétarisme. Il comprendra plus tard que ses parents agissent pour son bien. En attendant,
je lui demande ce qu’il voudrait manger... mais pas de boulettes !
L’outil des modèles éducatifs postule que nos représentations vont influencer notre réaction. La relation
pédagogique travaillée initialement par la Plateforme Bientraitance est celle qui lie l’animateur au jeune.
Les couleurs dépendent de sa représentation du jeune.
Au sein des groupes, ce ne sont cependant pas les seules relations qui existent. Nous pensons que
ces modèles éducatifs sont transférables aux relations encadrants-parents, parents-encadrants et aux
représentations qui y sont liées.
3.3.3 Quel est le problème ?
Le problème semble avant tout se situer à un niveau éthique. Les parents demandent que leur enfant
puisse manger végétarien. En tant que principaux éducateurs, ils tiennent à ce que leur choix soit respecté. L’encadrant peut se sentir pris entre deux feux : il ne veut pas se substituer aux parents et aller à
l’encontre de leurs décisions, mais il comprend que l’enfant ait envie de manger comme les autres. Quelle
place doit-il donner aux parents ? Jusqu’où doit-il laisser ces derniers influencer l’organisation des repas
en collectivité ? Doit-il considérer que les parents sont les seuls éducateurs en matière d’alimentation ?
Comment arriver à un accord pour satisfaire tout le monde (l’enfant, les parents, les intervenants) ?
L’enjeu se situe aussi au niveau de l’équilibre alimentaire, du vivre ensemble (ambiance) et du
budget. Les parents peuvent considérer que la viande est mauvaise pour la santé de leur enfant. Quant
à l’animateur, il peut penser que manger différemment du groupe stigmatise le jeune et ne favorise
pas le vivre ensemble. Le coordinateur, lui, peut trouver que multiplier le type de menus est difficile en
termes d’organisation et que les parents sont parfois trop interventionnistes. Il peut aussi penser que
c’est du gaspillage, surtout si on permet au jeune de manger un autre plat que celui initialement prévu.
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