Gang de Biches Numéro 4 - Mars/Avril 2019 | Page 43

PRENDRE ET RECEVOIR - 43
une bonne dizaine d’années de bons et loyaux
services auprès de la presse masculine pour adulte,
Annie (son nom reste secret) prend la décision de
s’émanciper et de créer son propre média, son
propre site internet : GirlsOutWest.
L’idée est simple : mettre en images les désirs
et fantasmes de filles, de femmes, naturelles et
au naturel, de grandes, de petites, de minces, de
rondes , avec des petits ou des gros seins, avec ou
sans poils… Car ce qui frappe dans la majorité du
contenu que propose GirlsOutWest, c’est qu’une
grande partie des modèles a le sexe poilu, parfois
même les dessous de bras voire, plus rarement, les
jambes. Il ne serait pas déraisonnable de penser
que « c’est facile, aujourd’hui c’est un acte militant
plutôt à la mode  ». Or, dans le porno, cela reste
encore marginal et, précisons qu'Annie a lancé le
site au milieu des années 2000.
Lors d’une interview en 2007, quand on la questionne
sur le fait qu’elle réalise un porno de niche et ce
qu’elle en pense, elle répond : « (…) Je pense même
que tous ces surfeurs (australiens, ndlr) peuvent
devenir vraiment soulés par le porno mainstream
et toutes ces filles à la plastique fausse. Ils veulent
voir des filles réelles, celles qu’ils peuvent croiser,
auxquelles ils ont accès ».
Annie touche ici un concept bien connu : la girl
next-door. Le frisson de la voisine sexuellement
libérée ! Et bien là, on pourrait même parler de real
girl next-door ! Annie travaille en grande partie avec
des amatrices et elle ne souhaite pas seulement
s’adresser à un seul type de sexualité.
« Le porno lesbien
semble majoritairement
fait avec des actrices qui
ne le sont pas, ou alors
avec des actrices bi. »
Réalisant elle-même le contenu, elle explique
également sa méthode de travail atypique : « Avec
les modèles, on commence par traîner ensemble,
on parle de choses intimes, de leurs désirs, de leurs
fantasmes, de ce qui peut les faire jouir ». Car oui,
Annie déclare qu’elle recherche des filles qui peuvent
« jouir pour de vrai  ». Sinon, ça ne l’intéresse pas.
Elle continue : « De plus en plus, j’invite même les
filles chez moi, et cela conduit la plupart du temps à
une masturbation puis à un rapport sexuel ».
En soit, une méthode atypique, mais fun,
anticonformiste et résolument punk ! Exit le
producteur masculin qui ne voit dans la plastique
de son actrice qu’une liasse de billets.
Annie ne défend d’ailleurs que ce qui lui plaît. En
tournant avec des amatrices, elle sait que celles-ci
sont à la recherche d’autre chose que de l’argent :
se faire plaisir et le montrer. Elle-même n’est pas
prête à faire des sacrifices pour gagner plus, même
si « c’est cool de pouvoir payer son loyer à l’heure » !
D’ailleurs, certains des couples mis en scène sont de
vrais couples. Tu le vois le côté authentique ?
« Ils veulent voir des
filles réelles, celles
qu’ils peuvent croiser,
auxquelles ils ont
accès. »
Annie a participé, avec sa vision des choses et sa
façon de travailler, à la création, au moins en partie,
d’un vrai contenu destiné aux lesbiennes, loin des
ersatz du porno mainstream.
Elle ne fut pas la première car, vingt ans auparavant,
d’autres, telles que Susie Bright, Deborah Sundhal
ou encore Nan Kinney, ont ouvert la voie en
réalisant quelques films érotico/porno lesbiens.
Et elle ne sera pas la dernière. Aujourd’hui, des
réalisatrices comme Erika Lust, Lucie Blush et
d’autres encore, mettent en avant toutes les formes
de sexualités. Comment ? Simplement en étant à
l’écoute des acteurs, du public visé et de soi-même.
Aujourd’hui, GirlsOutWest a fait du chemin et
même s’il envoie balader tous les codes du porno
classique, il dispose d’une bonne visibilité. Sur
Pornhub, sa chaîne avoisine les 100 000 abonnés.
Alors, oui, GirlsOutWest ne se résume pas qu’au
porno lesbien. Le studio réalise également de
nombreuses vidéos porno hétéros. Mais si Annie a
d’abord commencé par mettre en scène des filles,
il n’en reste pas moins que son dessein n’a pas
changé : montrer l’authenticité, la réalité, s’amuser
et prendre du plaisir ! 
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Sources:
www.girlsoutwest.com
- Interview d'Annie pour le site Adultreviews, 2007
- La recette d'un bon porno lesbien, d'Annabelle Georgen
pour Slate.fr, 2016