Gang de Biches Numéro 4 - Mars/Avril 2019 | Page 11
QUEEN BICHE - 11
BICHES
MONDE
Marie Bongars
BRISER LES TABOUS
SEXUELS GRÂCE À
UNE APPLI
uth Nabemezi, jeune Ougandaise
de 23 ans, a été confrontée au virus
du VIH dès son enfance : ses parents en
décèdent lorsqu’elle a 6 ans, sa sœur
suivra quelques années plus tard. En
guise de traitement, cette dernière n’a
bénéficié que d’une séance d’exorcisme.
Triste et révoltée, Ruth veut trouver une
solution pour que tous les africains
puissent avoir accès aux informations
concernant leur sexualité et qu’ils
puissent adopter des comportements en
conséquence. Au travers de ses études,
elle apprend l’existence des applications
pour smartphone et sait que par ce
biais, elle pourra toucher un maximum
de personnes. Avec 450 euros en poche,
elle achète deux téléphones et crée
un prototype d’application. C’est le 12
Décembre 2015 qu’ Ask Without Shame
(demander sans honte) voit le jour. Les
utilisateurs peuvent poser toutes leurs
questions : séropositivité, agressions
sexuelles, grossesses non désirées,…
Aucun sujet n’est tabou. L'application
est gratuite, anonyme et assure une
veille permanente. Huit infirmières sont
également joignables sur Whatsapp,
par appels et SMS. Dès le premier mois,
Ask Without Shame reçoit plus de
300 questions. Actuellement, 80 000
personnes du monde entier utilisent la
plateforme.
Auréolée de nombreux prix, Ruth a
pour objectif de toucher un million de
personnes dans toute l’Afrique de l’est.
5 FÉVRIER
R
LA RÉPONSE D'UNE GAMEUSE
FACE À LA MISOGYNIE
V
ous êtes une femme, seule, qui arrive dans un bar
bondé, à la recherche de ses amis. Vous croisez le
regard d’un homme, Julien. Il vous lance, sur un ton amical
mais ferme « Salut ! » Et, avant que vous ne puissiez
donner une réponse, il vous attrape le bras. « Retourne-
toi. »
Ces quelques lignes constituent l’introduction du jeu
vidéo The Game : The Game, créé par Angela Washko,
une artiste et gameuse américaine. En réaction à la forte
misogynie dont elle a pu être victime en ligne et par
envie de dénoncer les mécanismes toxiques de certains
hommes, elle crée ce « simulateur de rencontre », dans
lequel vous devez réagir à l’agression de Julien : sourire,
faire ce qu’il demande, dire non ou encore lui rire au
nez. L’homme pourra devenir pressant, vous forcer ou
vous insulter. Une expérience des situations auxquelles
beaucoup de femmes sont confrontées. Et le prénom du
harceleur n’est pas choisi au hasard : c’est celui d’un des
nombreux pick up artist connus, ces « professionnels de
la drague » qui vendent leurs conseils tels des gourous
de la séduction. Les réponses du jeu vidéo sont tirées de
phrases écrites ou dites par ces hommes.
Avec ce jeu, Angela souhaite à la fois dénoncer ces pseudo-
enseignements, éveiller les utilisateurs au consentement
mais également au harcèlement dont sont victimes les
femmes au quotidien.
... MAIS PAS DANS L A LUTTE !
USA : en hommage au centenaire du mouvement des Suffragettes,
la majorité des élues démocrates se sont vêtues de blanc pour
assister au discours officiel de Trump au Congrès. Une image qui
souligne encore plus le nouveau visage de cette institution, qui
accueille pour la première fois plus de femmes (127) et de diversité.
13 FÉVRIER
Un symbole fort : et si Simone Veil prêtait ses traits au nouveau
visage de Marianne, l’incarnation des valeurs républicaines ?
C’est la proposition faite par le Parti « Agir », en réaction
notamment, à des tags antisémites réalisés sur les portraits de
cette figure emblématique du combat des femmes.