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D o ss i e r - Une intervention stricte en matière de contrôle de la qualité (surtout par le biais des centres techniques et une intervention plus rigoureuse de l’Office de l’Artisanat) appuyée par des techniques promotionnelles et commerciales fondées sur l’intérêt pour le patrimoine et soutenue par des méthodes modernes en matière de marketing et d’utilisation des nouvelles technologies. » Quels sont les axes sur lesquels devra être construite cette stratégie? «  Il faudrait s’appuyer sur des axes de développement clairs fondés sur : - L’inclusion sociale : en rapprochant le service des citoyens et en créant une administration hybride (ajouter des chambres de métiers efficaces et fonctionnelles) - Le développement durable : en ajoutant une touche patrimoniale, en respectant l’environnement et en prenant en compte le facteur social - L’emploi et l’employabilité : pour avoir des coûts très bas, faire bouger les régions intérieures et favoriser le commerce équitable - Le partenariat public-privé : Exemple de formation  : les professionnels préparent et l’état applique (suivi des textes de loi). Chacun intervient dans son domaine : (FENA, CEPEX...) selon ses compétences - Engineering du secteur : (introduire le concept des chambres de métiers)» En conclusion, M. Essaïdi ? « Le produit artisanal, traditionnel ou rénové, peut et doit trouver sa place dans le processus global de développement du pays. Les actions conjuguées des organismes institutionnels (ONAT, Instituts d’Enseignement Supérieurs, Chambres des Métiers, centres techniques, etc.) et de la société civile  doivent nécessairement aboutir à une prise de conscience de toutes les parties afin de sortir ce secteur de la léthargie actuelle et de le faire participer pleinement à l’activité économique du pays pour un meilleur épanouissement social de ses membres et du pays tout entier. » W.D « Be Tounsi » A l’origine « Be Tounsi » était « Cet été je m’habille », une action spontanée ayant pour objectif de soutenir l’artisanat, secteur terriblement touché par la crise du tourisme. Très vite, nous avons pris conscience que cette action ne pouvait pas être éphémère et un mouvement s’est mis en marche. Nous avons aussitôt vu un véritable engouement des Tunisiennes et des Tunisiens pour les créations locales, qu’elles soient issues du patrimoine artisanal ou de la mode contemporaine. Quelques semaines à peine après la création du groupe sur Facebook, le collectif a organisé sa première expo/vente au Cinevog, au Kram, et grâce à la générosité de Moncef Dhouib, le local a été mis gracieusement à la disposition de 30 artisans venus de toute la Tunisie. Cet événement a cartonné et cela nous a encouragés à poursuivre l’aventure. Pour répondre aux nombreuses sollicitations de nos compatriotes résidents à l’étranger - qui ne peuvent assister à la foire de la création artisanale du Kram - nous avons organisé une édition estivale du salon de l’artisanat au village artisanal de Den Den et cela a été un réel succès. Les visiteurs ont répondu à notre appel et les artisans permanents du village ainsi que ceux que nous avons sélectionnés avec l’aval de l’ONAT étaient enchantés par la réussite de cette opération : certains ont vu leurs stands dévalisés en deux jours ! Cette action, totalement bénévole, a été portée par l’enthousiasme et la volonté d’une équipe de sept (huit ?) femmes passionnées qui ont œuvré jour et nuit pour assurer l’organisation et la médiatisation de cet événement. « Be Tounsi » est l’occasion d’ouvrir une fenêtre sur l’artisanat. « Un grand bol de tunisianité », comme nous le disent les membres du groupe qui sont de plus en plus nombreux à adhérer (32000 en 5 mois). Nous avons pu déceler, à travers nos échanges avec nos membres, une nostalgie de notre patrimoine mais aussi un attachement à nos racines millénaires. Peut-être faut-il voir dans ce geste si anodin, un signe identitaire… Car oui, dans ce contexte géopolitique, la Tunisie fait de son mieux pour résister en s’ouvrant de plus en plus au monde mais aussi en se singularisant par ce qui la fonde : l’ouverture, la tolérance, la beauté… S’habiller « Be Tounsi » et plus généralement consommer « Be Tounsi », est devenu notre credo. Aussi, encourager à consommer tunisien devient une démarche citoyenne, une contribution pour valoriser nos atouts, notre patrimoine et notre savoir-faire. C’est finalement un devoir de participer à la croissance économique de notre pays en soutenant les artisans qui perpétuent un savoir-faire, qui innovent, qui résistent et qui parfois se développent, exportent et deviennent une belle vitrine pour la Tunisie. Le collectif « Be Tounsi » 40 41