D o ss i e r
Mr Hasni, Souk Essakajine, Tunis
Mr Makdoud, Amine des tissages traditionnels de Kairouan
Depuis 2011, la récession touristique et l’invasion des produits asiatiques sur le marché tunisien
touchent de plein fouet le secteur artisanal. Il nous a paru opportun, dans le contexte actuel de
la prise de conscience et du regain d’intérêt que porte la société civile - par le biais d’opérations
promotionnelles avec le slogan « Be Tounsi » - aux produits locaux en général et aux articles
de l’artisanat tunisien en particulier, de poser la problématique de la crise que traverse cette
branche de l’activité socio-économique du pays.
Des explications et des propositions d’axes de réflexion pour le développement futur de l’artisanat
tunisien font l’objet de notre dossier.
L’artisanat
Symbole de notre identité
et de notre authenticité
Historique
L’artisanat tunisien a une histoire, un vécu,
qui commence avec les maîtres artisans et les
corporations qui ont fait son développement
et sa richesse. Le Professeur Paul SEBAG(1),
sociologue et universitaire, qui a beaucoup étudié
les populations des médinas et leurs activités
à la fin du 19ème siècle et au début du 20ème,
présente ainsi la situation :
ONAT
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Mr Jamoussi, Amine El Balghajia, Tunis
« A la veille de l’établissement du protectorat
français en 1881, l’artisanat textile était de
beaucoup le plus important; la fabrication des
chéchias, concentrée dans la capitale, le tissage
de la laine, du coton, de la soie et la confection
des vêtements masculins et féminins étaient
l’œuvre de diverses corporations urbaines, très
nombreuses à Tunis :
Houkia : tisserands de laine,
Foutajia : tisserands de coton
Hrairia : tisserands de soie
Sebbaghine : teinturiers
Bransias : fabricants de burnous et de djebbas
Tarzia : tailleurs
Mais l’artisanat textile se présentait aussi sous
la forme d’industrie domestique. Les femmes
des campagnes et des villes préparaient les filés
de laine, chaînes et trames utilisées par tous les
artisans du pays. Elles excellaient également dans
l’art de la dentelle et de la broderie et
tissaient des tapis notamment à Kairouan,
El Djem, Ouadhref ainsi que les vêtements
campagnards que sont les :
Ouezra : sorte de couverture utilisée aussi comme
vêtement.
Kadroun : habit campagnard masculin.
Kachabia : manteau d’hiver porté surtout dans le
nord-ouest.
L’artisanat du cuir, concentré dans les villes,
comprenait lui aussi de nombreuses corporations:
Dabbaghine : tanneurs
Sarrajine : selliers
Les cordonniers, quant à eux, se subdivisaient,
selon les produits qu’ils fabriquaient, en :
Blaghjias : fabricants de balgha (chaussure
traditionnelle aérée au niveau du talon)
Bechmaquia :fabricants de bechmek (chaussure
traditionnelle fermée)
Chberlia : fabricants de chebrella (sorte de
pantoufle d’origine turque à pointe relevée)
Le travail de la céramique était tantôt le fait de
la corporation urbaine des djerraba: potiers par
référence à l’île de Djerba et de Nabeul également,
tantôt une petite industrie domestique à laquelle
se livraient les femmes bédouines dans différentes
régions du pays.
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