Alia, 36 ans
«Pas assez bien pour toi, mon fils»
Depuis 8 ans que je suis mariée, ma belle-mère n’a jamais été agréable
avec moi. L’origine du problème vient du fait qu’elle espérait que son
fils épouse la fille de sa meilleure amie. Malgré tous les efforts qu’elle a
fait dans ce sens, c’est moi que Riadh a choisi d’épouser et elle n’a pas
eu d’autre choix que d’accepter notre union.
Je n’étais pas assez jolie, pas assez raffinée, pas assez soigneuse et j’en
passe... Constamment sous le feu de ses critiques, je n’avais d’autre
solution que celle de l’éviter du mieux que je pouvais. C’est Riadh qui
était le plus gêné par cette situation. Partagé entre sa mère et moi, le
pauvre naviguait à vue et essayait en permanence d’apaiser les esprits.
Le grand clash a eu lieu le jour de la naissance de mon premier enfant,
quand ma belle-mère a voulu lui donner le prénom qu’elle avait
choisi. Echaudée par plusieurs années de mésentente, j’ai ressenti cela
comme une intrusion inacceptable dans mon couple et j’ai refusé
catégoriquement sa proposition. Elle en a été très vexée et en a voulu
pendant quelque temps à son fils de ne pas avoir pris son parti.
Aujourd’hui, c’est Riadh qui emmène les enfants (j’en ai eu un
deuxième) voir leur grand-mère, qui, je dois l’avouer, les gâte et les
chérit.
Quant à moi, elle ne m’a jamais pardonné et nous ne nous voyons
pratiquement plus sauf lors de certaines circonstances familiales.
Samira, 55 ans
«L’habit ne fait pas le moine»
J’étais très heureuse à l’idée d’avoir Hella pour belle-fille. Charmante,
attentionnée, intelligente, sociable, ne manquant jamais de me consulter
pour les préparatifs du mariage, j’étais persuadée que c’était la femme
idéale pour mon fils. La cérémonie de mariage a été magnifique et tout
allait pour le mieux.
Le surlendemain de leur retour de voyage de noces, j’organisais pour
eux un déjeuner chez moi et Hella s’est excusée de ne pouvoir venir,
disant souffrir de migraine. Dans l’après-midi, je lui ai téléphoné pour
demander de ses nouvelles, pas de réponse. Plus tard dans la soirée, c’est
mon fils qui m’a informée que sa femme était encore souffrante, mais :
«Ne t’inquiète pas, ça va passer, il ne faut surtout pas la déranger».
Par la suite, à plusieurs reprises, j’ai senti que ma belle-fille instaurait
progressivement des barrières entre elle et moi. Quand je lui rendais
visite, j’étais bien reçue, toujours très courtoisement mais je restais au
salon. Comme une invitée.
J’ai appris par mon fils qu’ils avaient changé les rideaux et les meubles
de leur chambre à coucher, mais jamais ils ne m’ont proposé de venir
voir le nouvel aménagement.
A la naissance de leur enfant, elle le gardait constamment dans ses bras
quand j’étais présente et je n’ai pu le serrer contre moi qu’une ou deux
fois quand il était bébé.
Et je pourrais encore citer un tas d’autres situations du même genre.
J’ai toujours eu le sentiment que mon fils n’était pas dupe de la situation
mais du fait que je ne lui reprochais pas le comportement de sa femme
et ne lui faisais jamais part de ce que je ressentais, il s’en accommodait.
Voilà, ça fait dix ans que cela dure. Pour le bonheur de mon fils et de
mes petits enfants, j’ai choisi de laisser faire.
Souad, 65 ans
« Après la pluie, le beau temps »
Je me suis mariée à l’âge de 30 ans. Mon mari en avait 28. Une différence
d’âge que ma belle-mère n’acceptait pas. « Les femmes vieillissent plus
rapidement, répétait-elle devant moi, les hommes doivent épouser des
femmes plus jeunes, c’est la nature humaine. »
Ma belle-mère ne m’aimait pas et elle ne s’en cachait pas. C’était une
femme forte et imposante de caractère et tout l’entourage lui obéissait
au doigt et à l’œil… sauf moi. J’osais la contredire lorsque je n’étais
pas d’accord et je disais « non » quand je ne voulais pas faire quelque
chose. Malgré tout, j’essayais de m’imposer sans jamais lui manquer de
respect, ni entrer en conflit direct.
Lorsque mon mari est parti pour un an à l’étranger, j’ai dû emménager
chez elle car de mon temps, quand le mari s’absente, l’épouse reste chez
sa belle-mère et non chez ses parents. Cette année-là, la relation était
devenue si conflictuelle que je me suis enfermée dans ma chambre des
semaines durant. J’avais accouché de ma petite et c’est ma mère qui
venait tous les jours me donner à manger car ma belle-mère ne prenait
même pas la peine de monter nous voir, ma fille et moi.
Et puis les années ont passé. Et la relation s’est apaisée doucement,
lentement mais sûrement. Au final, on est devenu copines et bellemaman a vu que je rendais son fils heureux et que la petite famille était
épanouie. Elle a passé les dix dernières années de sa vie chez nous, bien
entourée et heureuse d’être avec nous. Quand elle est tombée malade,
nous nous sommes occupés d’elle de manière à ce qu’elle ne se sente
jamais de trop ou comme un fardeau, sa plus grande hantise. A la fin,
elle faisait même mon éloge à mes enfants ou aux invités qui passaient…
jamais devant moi. Mais je comprends son égo démesuré… je suis
pareille. Elle s’est éteinte un beau jour dans son lit, dans son sommeil,
sans avoir souffert. Je l’ai beaucoup pleurée. Et jusqu’à aujourd’hui, je
ne garde que le meilleur de cette relation « amie-ennemie » qui a fin B