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mot du mÂle La peine : cette richesse que les gens adorent partager L   a peine est indivisible. Quand vous avez de la peine, le fait d’en parler ne vous en délivre pas. La preuve, ce n’est que dans les films qu’on trouve du «Tu veux en parler?». Dans la vraie vie, il y a des amis qui essayent de reproduire la scène. Vraiment pathétique.   La peine ne peut être partagée. Pourtant tout le monde se tue à la tâche et dès que par politesse ou je ne sais quelle coutume verbale sociale qui veut que l’on dise sur un ton interrogatif et soi-disant intéressé «Bonjour, ça va?», ceux auxquels on s’adresse se déchaînent et y vont du : «Mon fils a eu 40 de fièvre hier. Mes parents divorcent. Mon frère est alcoolique.» Etc. Je ne m’en fous pas! Mais je n’ai pas de peine pour eux. Ce n’est aucunement de l’indifférence. J’aime beaucoup écouter les histoires des autres, ça me permet de jouir de leurs malheurs et de relativiser par rapport aux miens. D’ailleurs, pendant les périodes de pénurie de lamentations et d’apitoiement, je regarde l’émission de «si Alaa». Plus les gens ont des problèmes tordus, plus le divertissement est bon et plus le spectacle est grandiose.   Revenons sur le caractère mathématique de la peine, elle se multiplie en se pr