FdT Juin | Page 44

mot du mÂle Le silence de la poupée masculine... «T’es un homme! Tu ne peux pas jouer à la poupée!» disait ma tante sous le regard amusé de mon père qui trouvait certainement la réprimande justifiée, alors j’ai fait semblant de m’intéresser aux toupies... C’est bête tout de même de faire tourner un truc et de le contempler. C’est stupide toutes ces voitures qu’ils s’envoient d’un bout à l’autre du couloir. Les gamins! Y a pas plus con! Tiens, l’autre jour, je demandais à mon neveu de 5 ans ce qu’il pensait de la convergence démographique comme solution à la crise dans une zone monétaire unique. Et bah rien! Même pas un début de réponse! Mais ce n’est pas le sujet. Au début des années 90, il y avait cette campagne de prévention à la télé qui encourageait les fonctionnaires et les ruraux à vacciner leur progéniture. Le spot était juste effrayant, montrant des poupées géantes. J’en ai fait des cauchemars. Je leurs en voulais tellement que je me serais injecté la tuberculose rien que pour montrer la non efficacité de la chose! Mais ce n’est pas le sujet. On passait «Maguy» à la télé. «Maguy» m’a marqué. Non pas seulement en téléfilm mais aussi en pièce de théâtre. La manière de bouger des acteurs… je trouvais ça «plaisant» mais très vite on voulait que je fasse des études de commerce... et ce n’est toujours pas le sujet. Les enfants, je n’avais sérieusement pas de problème avec eux... mais il fallait qu’ils restent loin. Quand ils s’approchaient et qu’ils commençaient à me parler : « Et mon papa, il dit que le ciel est bleu parce qu’il y a de l’eau en haut » ou encore « Et tu connais Mon oncle Seif ? Mon oncle Seif, une fois, il a battu 6 hommes » et l’autre lui rétorque « Et bah moi mon oncle Jamel, il en a battu 12 »… Vous êtes gentils mais je lis le journal là! Et puis, je découpais des articles. La rubrique nécrologique me passionnait particulièrement, je dévisageais les morts, je comptais les membres de la famille, je passais en revue les prénoms des fils de la défunte... Vraiment fascinant ce truc... Pour chaque mort, je faisais un mini deuil et ensuite je partais chercher une photo de moi dans les albums de famille pour trouver 46 celle qui me conviendrait et que, le moment venu, ma famille remettrait au journal. On est sur le chemin du sujet... Et puis, il y avait cette fille. Il y a toujours une fille dans toutes les histoires. Une fille? C’est un peu comme nous, mais avec des seins. D’ailleurs je me ferais bien des seins, un jour. Faut plus être dépendants, les gars ! Cette fille était dans le cinéma (sens propre). Et pour avoir sa faveur, il fallait y être aussi. Ce qui était difficile pour un technicien du marché financier. Je ratais mes photos et je mettais tout sur le dos du «flou artistique». Tous les êtres qui n’ont pas de talent en cachent un : celui de justifier les échecs. Pas assez de lumière, pas assez de matériel, pas l’objectif qu’il faut, etc. Alors comment attirer son attention? Et si je pétais un coup en sa présence? Une vanne vulgaire peut-être? Et si je lui parlais de mon chien? Y a pas plus pathétique que ces trentenaires qui n’ont pas de tablette, sauf ces trentenaires qui parlent de leur chien comme de leurs gosse. La solution était facile : j’allais la traiter de vache. Même avec sa silhouette elle va penser qu’elle est grosse. Toutes les filles pensent qu’elles ont grossi... c’est universel… « vache! » simple et efficace. Et au moins elle