FdT Juin | Page 43

Tu es vraiment autodidacte? Je n’ai suivi ni cours ni formation, j’ai appris sur le tas. En côtoyant de grands créateurs et dans les ateliers d’essayage, je m’intéressais à la technique plus qu’à l’esthétique et petit à petit, j’ai déniché des stages et j’ai appris le dessin. Par la suite, c’est le cinéma qui m’a beaucoup aidé à m’investir dans la création artistique. Quelles sont tes sources d’inspiration? Je m’inspire beaucoup du traditionnel. Avec Farès Chraiet, Dorra Miled et Mehdi Kallel, on a su garder notre style. Quand je dis traditionnel, c’est de l’histoire de la Tunisie qu’il s’agit, toutes civilisations confondues: berbère, phénicienne, carthaginoise et africaine. J’aime beaucoup les couleurs aussi. Je ne peux pas travailler avec du noir ou du blanc. Tu joues souvent sur la provocation sexuelle, pourquoi? La mode porte un message. C’est une horde de politiciens, de physiciens et de scientifiques qui lancent le cahier tendance qui part de New York pour atterrir à Milan, Londres ou Paris. C’est comme ça que ça se passe. Pour la tendance métrosexuelle, cela vaut pour la femme autant que pour l’homme. Certaines femmes ajoutent des touches masculines à leur apparence. On vit dans un monde d’apparences : le look est important. Comment te définis-tu? J’essaie d’être à mi-chemin entre l’anticonformisme et l’avant-gardisme. Mes proches me disent qu’ils arrivent à reconnaître des détails de mes créations dans la presse ou chez d’autres créateurs. Que souhaites-tu apporter à la mode? En Tunisie, je trouve les gens tristes. Je souhaite que les gens s’habillent en couleurs. À part cette question de couleurs, j’espère toucher le social. Je veux aller vers les gens, parler de mode avec eux, attirer leur attention sur une autre image d’euxmêmes, différente de celle dans laquelle ils se sont cloîtrés. Par ailleurs, les événements de mode en Tunisie, au lieu d’inspirer des tendances, deviennent de plus en plus des événements d’animation. Leur crédibilité est remise en cause par les investisseurs et les créateurs sont découragés car ils ne trouvent plus d’appuis pour lancer leurs collections. Comment habilles-tu l’homme moderne? Je trouve qu’il y a un grand changement en Tunisie en ce qui concerne l’apparence de l’homme. C’est principalement grâce à la présence dans nos vitrines de marques étrangères qui, elles, sont en perpétuel changement. Ici, on s’habille « vitrines ». Chez les New Yorkais, les Milanais Salah Barka, 39 ans, a débuté dans le mannequinat et après des années passées dans ce métier, il a choisi de s’affirmer en tant que styliste et costumier de cinéma, de théâtre et de spectacles de danse. Autodidacte et passionné, il lance son propre atelier et se consacre pleinement à sa grande passion : SA mode. Derrière le nom de Salah Barka se cache un grand sensible et un amoureux éternel de la vie. Sans prétention, avec gentillesse et simplicité, il nous accorde cet entretien haut en couleur. ou les Londoniens, ce n’est pas pareil. Il n’y a que les Français et nous qui adoptons le look en série. Ma grande clientèle est la communauté gay. D’ailleurs, je trouve que les gays en Tunisie n’ont pas de limites, ils se lâchent et le « gay style » est très tendance actuellement. Et la femme dan