Carton rouge
Mohamed Zine Abidine
Sami Bennour
En octobre dernier, le journaliste Sami Bennour corrigeait les fautes de français d’ un instituteur( de langue française) d’ une école primaire à Jendouba. En quelques heures, la vidéo extraite de son émission phare « Yawmiyet Mouaten » est devenue virale sur les réseaux sociaux et a remis sur le tapis la question fatidique de la qualité de l’ enseignement en Tunisie. Si une vague d’ indignation a suivi la diffusion du reportage, certains membres du syndicat de l’ enseignement de base se sont permis de remettre en cause la vidéo et ont crié à la mise en scène. Le ministère de l’ Education a, quant à lui, parlé de nouvelle stratégie pour l’ amélioration du niveau des élèves et des enseignants. Le plan stratégique 2016 / 2020 aura, entre autres, pour principaux axes: un enseignement de qualité ainsi que la justice et l’ égalité des chances entre tous les élèves.
Sensible à tout ce qui concerne la petite enfance, Sami Bennour n’ en est pas à son premier reportage sur les petits citoyens. Souvent, il part à leur rencontre dans les plus lointaines des contrées tunisiennes. Mais depuis quelques mois, il les accueille également à la radio IFM, dans laquelle il anime l’ émission « Malla Classe ». « Diffusée, chaque dimanche de midi à 14h, Malla Classe est une émission animée par les jeunes pour les jeunes encadrée par l’ animateur Sami Bennour. Des collégiens et des lycéens vous parlent pendant deux heures de leurs problèmes dans la
société d ' aujourd ' hui. C ' est ainsi qu ' ils exprimeront pendant toute l ' émission leurs avis sur l › actualité nationale et culturelle. » peut-on lire sur la page de l’ émission.
Un joli parcours pour en arriver à être parmi les journalistes préférés des Tunisiens. Car ses débuts se font avec Hela Rokbi dans les années 2000 « Elle m’ a tout appris. C’ est une grande dame de la télé, qui sortait avec nous en tournage, qui me briefait, me donnait des conseils. Avec elle, j’ ai appris comment me tenir ou me placer face à la caméra, quelles questions poser ou encore comment interrompre un invité lorsqu’ il s’ attarde dans sa réponse.» raconte le jeune homme. Plus tard, il enchainera les expériences télé. Et la première dans le social se fera en 2009 avec « Al Hak Maak », un « Sans aucun doute » made in Tunisia. En 2012, Sami démarre l’ expérience « Yaoumiyet Mouwaten », un vrai succès qui se poursuit encore aujourd’ hui. « J’ aime beaucoup le social. Je trouve que c’ est humain. Ça me touche beaucoup de voir des enfants souffrir. C’ est un petit être vulnérable que je veux montrer sous son meilleur jour. Un enfant, c’ est beaucoup de potentiel, une future génération responsable. Personnellement, j’ ai remarqué qu’ un enfant aidé, rassuré, voit sa vie changer avec peu. Une bibliothèque dans un village change la vie de toute une génération.»
C’ est durant le mandat de Mohamed Zine Abidine, actuel ministre de la Culture, que les changements les plus controversés ont eu lieu. Les derniers en date étant la réduction de 65 % du budget alloué au Festival de Hammamet et le limogeage de son directeur Moez Mrabet. Celui qui a assuré les deux dernières éditions à la programmation éclectique et riche a ainsi réuni un bon nombre d’ activistes culturels autour d’ une commission de soutien à l’ homme de théâtre ayant pour but d’ enquêter au sujet des“ allégations portées par le ministre accusant Moez Mrabet de corruption”. Plus tôt dans l’ année, l’ universitaire Hela Ouerdi, alors à la tête de la direction générale du livre, dénonçait une suspicion de corruption au sein de la direction. Ignorée par le ministère, Hela Ouerdi a fini par être écartée de son poste. Maya Ksouri qui occupait le poste de présidente de la commission technique consultative des livres tunisiens, le quittera de son propre gré pour les mêmes raisons.
En 2016, une pétition intitulée « Contre les sinistres de la Culture: pour une politique culturelle qui tranche avec la propagande » a été signée par de nombreux acteurs culturels. On y dénonçait déjà le passé politique du ministre, basé sur la propagande et la justification de la dictature de Ben Ali.
Mohamed Zine El Abidine dans la liste des hommes qui ont marqué 2017? Probablement, mais sûrement pas de la bonne façon.
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