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En Tunisie
Les productions cinématographiques et théâtrales tunisiennes les plus attendues de 2018
Vent du nord Dans les salles à partir du 10 janvier 2018, le premier long-métrage de Walid Maater est très attendu par le public tunisien. Après avoir raflé trois prix lors des JCC 2017( TANIT D’ OR Taher Cheriaa de la première œuvre, Prix du meilleur scénario et Prix du jury TV5 Monde), le film sort enfin dans les salles obscures. L’ histoire se passe dans le Nord de la France. L’ usine d’ Hervé est délocalisée. Il est le seul ouvrier à s’ y résigner car il poursuit un autre destin: devenir pêcheur et transmettre cette passion à son fils. De l’ autre côté de la méditerranée et dans la banlieue de Tunis, l’ usine est relocalisée. Foued, au chômage, pense y trouver le moyen de soigner sa mère, et surtout de séduire la fille qu’ il aime. Les trajectoires d’ Hervé et Foued se ressemblent et se répondent. Dans le casting on retrouve Mohamed Amine Hamzaoui et Abir Bennani, tous les deux salués par le public pour la justesse de leur interprétation.
Mustafa Z Interprété par Abdelmonem Chwayet, Mustafa Z est un animateur radio plutôt lisse qui anime sa tranche depuis bientôt 18 ans en appliquant à la lettre ce qu’ on lui demande de faire. Sa femme Farah, une belle hôtesse de l’ air( interprétée par Fatma Nasser) en a marre de sa passivité et ne communique plus avec lui qu’ avec des post-it. Et Malek, son fils adolescent, vit sa rébellion et le conflit de génération en dénigrant ce père quasi absent. Mustafa Z démarre une journée qui devait se passer comme les précédentes, mais celle-ci se présente encore pire que toutes les autres … Nidhal Chatta signe à travers « Mustafa Z » un long-métrage qui se démarque par son style décalé et sarcastique. Du tragi-comique sous forme d’ un presque huis-clos se déroulant dans la voiture de Mustafa Z. Tel est le synopsis de « Mustafa Z », le dernier film de Nidhal Chatta, qui sera dans les salles à partir du 28 février 2018. A voir, car le style est nouveau. A voir car le scénario est bon, que l’ image est belle et travaillée. A voir car c’ est léger et que l’ on rit. Mais surtout parce que « Mustafa Z » est un miroir satirique d’ une société et d’ une classe politique en perpétuelle déchéance.
Melak el mout Ou“ L’ ange de la mort” nous racontera l’ histoire de Naceur Damergi, plus connu sous le nom de « Saffeh Nabeul ». Le film, qui met en scène Ahmed Landolsi, retrace le destin de l’ assassin des années 80 qui a tué et violé 14 victimes dont la majorité sont des enfants. Condamné à mort, Naceur Damergi sera le dernier à avoir été exécuté en Tunisie en 1990. « Melak el mout » est signé Karim Berrhouma qui réalise ici le long-métrage et signe également le premier draft du scénario. Une bonne partie du film ayant déjà été filmée, le tournage reprend bientôt pour la deuxième partie de la bio de Naceur Damergi et pour laquelle Landolsi doit perdre 20 kilos.
Karim Berrhouma essaiera à travers ce film de répondre à quelques questions: Pourquoi devient-on criminel? Comment vire-t-on assassin? L’ enfance a-t-elle une incidence sur le destin d’ une personne? Des questions légitimes puisque Naceur Damergi est né dans une prison dans laquelle il passe les premiers mois de sa vie avec sa mère, détenue pour prostitution.
La fuite La dernière production de l’ espace L’ Artisto s’ intitule « La fuite ». Mise en scène par Ghazi Zaghbani, elle réunit les comédiens Mohamed Houssine Grayaa, Nadia Boussetta et Ghazi lui-même. La pièce est une adaptation du livre de Hassen Mili « La pute savante » sortie en France en 2013. Traduit par Ghazi Zaghbani, l’ histoire raconte le destin d’ un jeune ingénieur devenu intégriste qui croise celui d’ une prostituée dans une maison close de la médina de Tunis. Ici, il n’ est pas question de terrorisme mais plutôt de l’ humain. Obligés de cohabiter dans l’ espace exigu qu’ est la chambre de la prostituée, beaucoup de thématiques sont mises à nu. Nadia Boussetta qui tient le rôle de la prostituée et qui nous aide à y voir plus clair sur certains clichés et certaines situations en Tunisie a ainsi fait preuve de beaucoup courage et de maturité artistique.
Des fleurs pour Algernon En janvier 2018 démarre le premier cycle de la nouvelle pièce de Abdelmonom Chwayet « Des Fleurs pour Algernon ». Abdelmonom est Charlie Gordon, un jeune homme de 37 ans dont le QI s’ élève à 68 et qui a l’ âge mental d’ un enfant de 6 ans. Il aimerait devenir plus intelligent. La science lui offre cette possibilité grâce à la découverte du docteur Strauss et du professeur Nemur. Le jeune homme subit alors une opération qui lui permettra à court terme de multiplier son quotient intellectuel par 3, voire plus. Mais il n’ est pas seul à tester cette nouvelle découverte scientifique. Une souris de laboratoire, Algernon, a elle aussi subi la même opération précédemment. Charlie et Algernon vont alors développer une relation particulière puisque le jeune homme sait que son destin est pertinemment lié à celui de la souris. L’ ascension intellectuelle de Charlie est suivie par les médecins mais aussi relayée à travers des comptes rendus rédigés par le patient. Dans « Nawarat lel jardhoun », Algernon est interprétée par la ballerine Salma Boukef. Et c’ est là que se trouve l’ audace et la maîtrise de cette adaptation tunisienne. Une construction théâtrale particulière dans laquelle la danse classique est un élément porteur. Ici, la mise en scène est aussi simple et épurée qu’ intéressante.
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