couple
Entre peur et frustration
en Tunisie, 3 couples non
mariés témoignent
Malgré une Constitution qui défend les libertés
individuelles, on souffre encore en Tunisie de
maintes aberrations. Entre test anal, arrestations
pour atteinte aux bonnes mœurs à cause d’un
baiser volé ou accusations de prostitution à cause
d’une soirée arrosée chez un ami de sexe opposé,
plusieurs citoyens, en l’occurrence les jeunes, vivent
encore avec cette crainte de « l’Etat policier » et
des intimidations policières. Alors c’est peu dire
que vivre librement en tant que couple non marié
en Tunisie, est loin d’être évident.
Comment s’en sortent-ils ? Trois jeunes couples
ont accepté de témoigner pour nous, sous couvert
d’anonymat.
Imen, 28 ans : On a pris le risque de vivre ensemble
« Je suis de Sousse. Je suis venue à la capitale pour étudier, et maintenant
je bosse. J’ai connu Wael il y a à peu près deux ans et demi. Au début, on
se voyait comme tous les autres couples. On sortait, j’allais parfois chez
lui, il venait parfois chez moi… Mais quand on a compris que notre
histoire était plutôt sérieuse, on a commencé à envisager l’éventualité de
vivre ensemble. Néanmoins, on était conscients des risques qu’on devait
prendre si on franchissait une telle étape. Et là, je ne parle pas des risques
pour notre couple, mais de ce qu’on encourt en tant que deux citoyens
de sexe différent vivant ensemble, hors des liens du mariage, dans un pays
qui ne tolère pas qu’on se tienne par la main dans la rue. Cependant, on
sait très bien tous les deux que la loi tunisienne n’interdit nullement le
concubinage.
Alors on a passé le cap. Au début je n’ai rien dit à mes parents. Quand ma
mère devait me rendre visite, Wael allait passer quelques jours chez l’un
de ses amis. On devait du coup ranger toutes ses affaires, et ça devenait
un vrai casse-tête au fil du temps. J’ai alors décidé de lui dire la vérité.
Je ne peux pas vraiment dire qu’elle a apprécié la nouvelle, mais elle l’a
acceptée. Mon père, lui, n’est encore au courant de rien mais ma mère
compte lui en parler bientôt. Quant à Wael et moi, on essaie tout de
même d’être discrets et il faut dire qu’on s’en sort plutôt bien jusqu’à
maintenant».
Khalil, 33 ans : On survit grâce aux voyages
« Nour et moi sommes ensemble depuis plus de 3 ans. On fait de notre
mieux pour s’en sortir mais ce n’est pas facile tous les jours