Témoignage
Sarra -
24 ans. Habite à Tunis avec sa
famille et a quitté l’école après le collège. A fait
plein de petits boulots et une formation en cuisine.
A 2 sœurs et 1 frère.
Parle-nous de ton enfance
Une enfance normale. Je ne m’en souviens pas très bien. Je me rappelle
que je n’aimais pas beaucoup jouer avec les garçons sauf au football.
Leurs vêtements me plaisaient et je voulais toujours avoir les cheveux
courts, comme eux. J’étais bien comme ça mais je ne savais pas pourquoi.
Et ton adolescence?
C’était une période un peu dure parce que j’avais du mal à me situer.
Étais-je un garçon ou une fille? Mon corps était celui d’une fille mais
au fond de moi, j’étais un garçon. Psychologiquement, j’en étais très
affectée. Par la suite, à 14 ans, un événement m’a fait comprendre que
j’aimais les filles et que j’étais lesbienne. Je me suis alors épanouie parce
que tout est devenu clair pour moi.
As-tu fréquenté des garçons avant cela?
Du tout. Je n’y pensais jamais puisque je me considérais comme un
garçon.
Ma mère me fait de la peine car je sais qu’elle a beaucoup souffert avec
mon père. Il la battait et pourtant, elle l’a soutenu jusqu’à ce qu’il
démarre son projet. Après, il a demandé le divorce. Les hommes sont
tous pareils!
Même si je ne me sens pas proche de lui, il reste, malgré tout, mon père.
Avec mes sœurs et mon frère, la relation est normale, il y a de petits
accrochages comme dans toutes les fratries.
L’avis du psychothérapeute
Sarra affiche actuellement son homosexualité malgré des doutes
concernant son identité sexuelle et la problématique du schéma
corporel qu’elle a rencontré lors de son adolescence. Au niveau
de la dialectique de l’inné et de l’acquis, Sarra hésite entre le fait
que son homosexualité soit innée ou acquise, parfois elle pense
que c’est un destin mais qui est contradictoire avec la volonté
de Dieu, parfois, elle pense que c’est son choix et parfois, que
c’est un mélange des deux. De toutes les manières, cela reste
compliqué pour elle...
Et maintenant, vis-tu ton homosexualité au grand jour?
Je pense, oui, car je suis très masculine dans ma façon de m’habiller, de
parler et les gens me le reprochent, mais je m’en fiche.
As-tu pensé un jour que tu deviendrais homosexuelle?
Non, jamais. Actuellement, je suis parfaitement à l’aise, on se comprend
entre filles et on sait ce qui nous convient ou pas. A force d’entendre des
histoires sur les hommes, ils me dégoûtent.
A ton avis, tu es né homosexuelle ou est-ce une orientation sexuelle
que tu as choisie?
Je ne sais pas. Parfois, je me dis que je suis née comme cela et que c’est
Dieu qui l’a voulu et parfois, je me dis que c’est un choix que j’ai fait.
De toutes l