Je crois que c’est ce qu’on attend du sur mesure.
En plus, certains clients qui ne sont pas sûrs de leur
look cherchent vraiment un conseil professionnel
et, dans ces cas-là, je prends le relai. Les clients
qui viennent pour la première fois, quand ils
voient le nombre de questions que je leur pose,
ils se sentent vite submergés. Ils ont la sensation
d’avoir trop de choix. Parfois, il m’arrive de faire
une présélection et je présente ce qui me paraît
le mieux pour le cas précis. Le temps du rendezvous, c’est déjà la conception du chapeau.
Finalement, tu conserves une assez grande
indépendance dans les finitions. Est-ce une sorte
de signature ?
Ce que j’aime bien, c’est que de loin, le modèle
ait l’air tout à fait classique parce qu’il faut pouvoir
le porter tous les jours sans être déguisé. Et
quand tu t’approches, tu vois que c’est travaillé
et les gens le remarquent parce que ce n’est pas
courant.
Tu as des stagiaires. Tu as l’ambition de t’agrandir,
de transmettre ?
J’ai tellement aimé mon apprentissage que j’ai
envie de transmettre à mon tour. Mon ancien
patron me disait que la transmission du savoir
faisait partie du boulot. Certains créateurs cachent
leurs ateliers et secrets de fabrication. Je ne
trouve pas ça bien de craindre une concurrence
qui est souvent illusoire. Pour que le métier vive,
il faut que les gens sachent réaliser des chapeaux
pour que plus de gens en portent.
En plus, je veux former quelqu’un parce qu’on
n’enseigne pas les techniques traditionnelles
dans les écoles de chapellerie. Et mon travail est
extrêmement traditionnel.
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Il est important de garder les traditions. Mais il
faut sans cesse pouvoir se renouveler. D’où vient
ton inspiration ?
Cela peut venir de n’importe quoi. Je peux voir
quelqu’un passer dans la rue et remarquer une
forme, une association de couleurs, une finition.
Ou même dans un restaurant une bordure de
nappe. Ou dans un film, une série…
Si c’est une commande, cela peut venir aussi du
client. Je vais orienter ma recherche vers cette
personne et l’impression qu’elle m’a faite. Sinon,
si je n’ai pas de création particulière à faire, je
laisse venir. Et c’est drôle, ça vient toujours quand
je m’endors. Le lendemain matin, quand je mets
l’idée en pratique, cela fonctionne à chaque fois.
Tu es passionnée par ce que tu fais. Ça se sent.
A côté, tu as d’autres passions ?
Il n’y a rien que j’aime autant que ça. J’y passe
d’ailleurs 90% de mon temps. Je n’ai pas besoin
de m’exprimer dans autre chose.
Comment es-tu venu à ce métier ?
Quand j’étais petite, j’avais une machine à coudre
et je voulais déjà être styliste. J’avais même fondé
un club de mode. Je n’arrêtais pas de dire à mes
parents qu’un jour je serai patronne. Ça s’est fait
comme ça. J’aurais pu faire mon apprentissage
dans une grande maison mais le sort a voulu que
je fasse mon apprentissage chez une personne
(Fernand) qui travaillait seul.
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