ETC. JOURNAL EDITIONS #3 | Page 32

En voyageant vers le Sud de la capitale , les villes se font moins denses , mais habitées par des croyances aux racines plus profondes . Les dieux du vaudou , appelés les lwa ou les « mystères », sont souvent associés à certains objets ou sites bien spécifiques : arbres , croisements de rue ou encore cimetières . D ’ humeur changeante , les lwa se montrent tantôt généreux et bénéfiques envers les hommes , tantôt susceptibles , jaloux et malicieux . Pour certains , ils sont responsables des évènements inexpliqués et des incidents du quotidien , le Bon Dieu s ’ étant depuis longtemps assis sur une chaise , laissant les choses de sa création s ’ emmêler et se démêler entre elles . Les nombreux récits des péripéties des lwa nourrissent encore les croyances de la population . Ainsi , lorsque je suis arrivée au Saut-Mathurine à Camp-Perrin , la chute d ’ eau et le bassin d ’ un bleu profond attiraient une petite foule sage , se gardant cependant bien de mouiller leurs jambes au-dessus du mollet . Après quelques brasses dans cette eau sans remous ni chamailleries , j ’ apprends par un habitant que madame la Sirène , « mwatye pwason , mwatye fanm » ( moitiépoisson , moitié-femme ), est connue pour attraper les petits garçons et les attirer au fond des bassins pour les retenir prisonniers .
17