En voyageant vers le Sud de la capitale,
les villes se font moins denses, mais
habitées par des croyances aux racines
plus profondes. Les dieux du vaudou,
appelés les lwa ou les « mystères », sont
souvent associés à certains objets ou sites
bien spécifiques : arbres, croisements
de rue ou encore cimetières. D’humeur
changeante, les lwa se montrent tantôt
généreux et bénéfiques envers les hommes,
tantôt susceptibles, jaloux et malicieux.
Pour certains, ils sont responsables des
évènements inexpliqués et des incidents
du quotidien, le Bon Dieu s’étant depuis
longtemps assis sur une chaise, laissant
les choses de sa création s’emmêler et se
démêler entre elles. Les nombreux récits
des péripéties des lwa nourrissent encore
les croyances de la population. Ainsi,
lorsque je suis arrivée au Saut-Mathurine à
Camp-Perrin, la chute d’eau et le bassin
d’un bleu profond attiraient une petite
foule sage, se gardant cependant bien de
mouiller leurs jambes au-dessus du mollet.
Après quelques brasses dans cette eau
sans remous ni chamailleries, j’apprends
par un habitant que madame la Sirène, «
mwatye pwason, mwatye fanm » (moitiépoisson, moitié-femme), est connue pour
attraper les petits garçons et les attirer au
fond des bassins pour les retenir prisonniers.
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