ETC. JOURNAL EDITIONS #3 | Page 16

En voyageant vers le Sud de la capitale, les villes se font moins denses, mais habitées par des croyances aux racines plus profondes. Les dieux du vaudou, appelés les lwa ou les « mystères », sont souvent associés à certains objets ou sites bien spécifiques : arbres, croisements de rue ou encore cimetières. D’humeur changeante, les lwa se montrent tantôt généreux et bénéfiques envers les hommes, tantôt susceptibles, jaloux et malicieux. Pour certains, ils sont responsables des évènements inexpliqués et des incidents du quotidien, le Bon Dieu s’étant depuis longtemps assis sur une chaise, laissant les choses de sa création s’emmêler et se démêler entre elles. Les nombreux récits des péripéties des lwa nourrissent encore les croyances de la population. Ainsi, lorsque je suis arrivée au Saut-Mathurine à Camp-Perrin, la chute d’eau et le bassin d’un bleu profond attiraient une petite foule sage, se gardant cependant bien de mouiller leurs jambes au-dessus du mollet. Après quelques brasses dans cette eau sans remous ni chamailleries, j’apprends par un habitant que madame la Sirène, « mwatye pwason, mwatye fanm » (moitiépoisson, moitié-femme), est connue pour attraper les petits garçons et les attirer au fond des bassins pour les retenir prisonniers. 16 17