son fils… Oui mais… Les rumeurs
de bâtardise de la princesse Jeanne
allaient bon train en ce début du
XIV siècle. Et il n’était pas question
pour la noblesse française de
permettre à un anglais devenir roi
de France. Il fallait donc trouver
une parade et vite. C’est sur fond
de scandales royaux et de défiance
envers l’Angleterre que les juristes
exhumèrent la vieille loi salique
pour légitimer l’idée selon laquelle
les filles de France n’héritent ni ne
transmettent la Couronne de France.
A lire la fameuse loi salique, on y
trouve effectivement la formule selon
laquelle « quant à la terre, qu’aucune
portion n’en échoie aux femmes,
mais qu’elle aille toute au sexe
masculin ». Mais, elle est ressortie
de son contexte et interprétée à la
lueur de leurs ambitions par les
savants pour créer de toutes pièces
une règle qui perdurera jusqu’à la
chute de la monarchie. Pourtant,
étrange coup du sort, à la fin du
XV et au début du XVI siècle, les
régentes et autres gouvernantes
(Anne de France, Louise de Savoie,
la duchesse d’Etampes ou Diane de
Poitiers en particulier) se succèdent
au pouvoir, seules ou au côté d’un
roi. Et oui, la loi salique ne prévoit
rien concernant les régences ou les
gouvernements…
Si en France, nos intrigues peuvent
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faire sourire, d’autres pays ne
sont pas en reste en la matière.
L’histoire de Dimitri II, tsar de
Russie, se révèle de ce point de vue
extrêmement cocasse. Dimitri II
est l’héritier de Fédor Ier, son frère
aîné, lequel n’a pas d’enfant. Fédor
Ier se désintéresse complètement
de la politique à tel point qu’il laisse
à son beau-frère Boris Godounov
les rênes du pouvoir. Voyant en
l’enfant Dimitri II une menace, il
est probable que Godounov le fasse
assassiner. Le récit officiel semble
en effet peu plausible : l’enfant qui
jouait avec un couteau aurait fait
une crise d’épilepsie et se serait
tranchée la gorge en tombant…
Lorsque Fédor décède, c’est
effectivement Godounov qui est élu
tsar par les états généraux. Il devient
vite impopulaire en cherchant à
se rapprocher de l’Occident et en
légalisant le servage. Il se révèle
également incapable de réagir face
à la famine qui gronde. En 1604,
un jeune homme, profitant de la
contestation, prétend être le
tsarévitch Dimitri et trouve du
soutien parmi toutes les classes
sociales. En 1605, Godounov
meurt subitement, probablement
empoisonné, et c’est Dimitri qui
monte sur le trône. Il est renversé
quelques mois plus tard et égorgé.
Mais… en 1607, un nouvel homme
affirme être Dimitri II et l’ancienne
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