ETC. JOURNAL EDITIONS #1 | Page 98

les combats sont acharnés. On vient admirer le courage et la force de ces combattants. Mais, les douze mille spectateurs que pouvait contenir le lieu sont également friands de bêtes sauvages exotiques ramenées des confins de l’Empire : lions, panthères, crocodiles, ours ou plus fréquemment taureaux, sangliers, molosses, dont la férocité ravit le public de l’Antiquité. L’instinct animal est prompt à s’exprimer. A la fois, terre de malheur, rougie par le sang des gladiateurs et des bêtes sauvages et terre de culture, foulée par les comédiens du Ier siècle, les arènes de Lutèce restent une terre de divertissement et de rencontres. Des loisirs plus pacifiques ont remplacé les jeux du cirque de l’époque gallo-romaine. Pourtant, les parisiens continuent de s’approprier le lieu, l’investissant de leurs jeux, de leurs cris de rage ou de victoire, de leurs chants, de leurs musiques. On y vient en famille, seul ou entre amis. On s’assoit sur les pierres millénaires, sur lesquelles la Nature a depuis longtemps repris ses droits. On mange, on danse, on chante. Les gradins esquissent encore le cercle de l’amphithéâtre. L’endroit semble suspendu. Il dégage un curieux mélange d’apaisement et 98