Ensemble intercontemporain 2015-16 musical season Brochure de saison 2015-2016 | Page 69

69 Un partenariat naturel Entretien avec BRUNO MANTOVANI Directeur du Conservatoire de Paris Depuis son arrivée à la tête du Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris en 2010, Bruno Mantovani s’est particulièrement investi dans la promotion de l’enseignement de la musique contemporaine. Une volonté qui s’affirme notamment dans le renforcement des synergies entre le Conservatoire et l’Ensemble intercontemporain. Il nous parle de ce partenariat en plein développement. Bruno Mantovani, en tant que directeur du Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris, que représente pour vous le partenariat avec l’Ensemble intercontemporain ? C’est un partenariat parfaitement naturel, à plusieurs titres. D’abord, la musique contemporaine a toujours été présente au Conservatoire de Paris – c’est une école de création depuis 1795. Or, la création musicale en France est aujourd’hui indissociable des activités de l’Ensemble intercontemporain, qui en est un des fers de lance. Cette collaboration s’inscrit de surcroît dans la logique du site de la porte de Pantin, logique qui s’est encore accentuée en début d’année avec l’ouverture de la Philharmonie de Paris. D’autre part, les relations du Conservatoire de Paris avec l’Ensemble ne sont pas qu’institutionnelles, mais aussi plus informelles. Par exemple nombreux sont les solistes de l’Ensemble (anciens ou actuels) qui enseignent ou ont enseigné ici, en tant que professeur ou assistant. Au risque d’en oublier, je pourrais citer pêle-mêle : Sophie Cherrier, László Hadady, Jérôme Comte, Odile Auboin, Hae-Sun Kang, Frédéric Stochl, PierreLaurent Aimard, Jean-Guihen Queyras, Jean Sulem. Excellents pédagogues, ils sont très appréciés par les élèves. À l’origine, notre partenariat se limitait à une coproduction annuelle de concert réunissant étudiants et solistes de l’Ensemble. Depuis mon arrivée, nous avons souhaité l’étendre à des activités qui touchent notamment à la composition et à la direction d’orchestre. Comment avez-vous mis en œuvre ce souhait ? Nous avons tout d’abord créé un troisième cycle d’interprétation de la musique contemporaine, ouvert aux élèves titulaires d’un master d’instrument. L’enseignement principal est d’ailleurs dispensé par Hae-Sun Kang, violoniste de l’Ensemble. Ce troisième cycle s’organise principalement autour de collaborations extérieures, telles qu’avec le Festival Messiaen de la Meije, ou l’Ensemble intercontemporain dans le cadre de sa saison de concerts. Cette année, nous jouerons tous ensemble des œuvres de Jonathan Harvey, Bernd Alois Zimmermann, sans oublier Gruppen de Karlheinz Stockhausen. Déjà initiés l’an dernier, deux autres projets seront approfondis cette année. Le premier concerne les classes de composition et la collaboration avec les professeurs et les solistes : les effectifs de l’Ensemble intercontemporain ont été divisés en une demi-douzaine de petits ensembles de chambre, avec lesquels les élèves de composition travaillent. Ce sont des ateliers d’expérimentations, au cours desquels ils peuvent se confronter à la réalité musicale de leurs idées compositionnelles, avoir un retour sur leur travail et éventuellement procéder à des réajustements. Ce travail s’effectue très en amont du concert de fin d’année et intervient, sur la durée, pendant la genèse de l’œuvre et toute la période d’écriture, pour que les élèves puissent réellement progresser. Le deuxième projet est une série d’ateliers, qui, sans donner lieu à un concert, n’est pas dénué d’intérêt. L’idée est de mettre les élèves de direction d’orchestre dans une situation dont ils feront fréquemment l’expérience au cours de leur vie professionnelle : arriver devant un orchestre que l’on découvre. S’agissant du répertoire contemporain, ce sont