8
9
De plus en plus de droit UE repris par la Suisse
L’invité
La Suisse, un roc face à la crise de l’euro
Une intégration politique et macroéconomique de la Suisse dans la zone euro, qui devient de plus en plus une
union politique, paraissant de moins en moins envisageable, il ne nous reste qu’à espérer que l’espace euro
trouve un moyen durable de sortir de sa crise d’endettement et structurelle. La Suisse, de son côté, doit poursuivre son ouverture économique intérieure et extérieure et tendre vers une universalisation de ses échanges
tout en maintenant strictement sa souveraineté monétaire, fiscale et économique.
Il est dangereux de poser des diagnostics populistes sur la crise, car ils incitent
souvent la politique à se lancer dans des
actions interventionnistes précipitées,
inefficaces, voire contreproductives. Le
fait est que dans les années précédant
2007 on s’est mis à isoler quasiment les
taux d’intérêts face aux forces du marché. La banque centrale américaine
(FED) a été la première à entamer cette
opération fatale qui a encouragé d’innombrables particuliers, instituts financiers et collectivités publiques des EtatsUnis, mais aussi d’Europe à vivre
au-dessus de leurs moyens.
Endettement public
Le résultat de ce comportement, ce
sont des dettes publiques incommensurables. Les marges de manœuvre budgétaires disponibles pour la recherche, la
formation, l’infrastructure et la sécurité
sociale ont dû être sacrifiées, dans l’es-
pace UE notamment, pour stopper l’endettement et lutter contre la pauvreté et
d’autres problèmes sociaux. Conclusion: la faute initiale n’incombe donc pas
au marché et au capitalisme, mais bien à
la politique et aux Etats dont les politiques monétaire, conjoncturelle et de
surveillance financière ont échoué.
L’euro au bord du gouffre
Le fait que la crise financière et
conjoncturelle 2008/2009 a frappé le
plus fortement et le plus durablement
l’espace euro est une simple affaire de logique: loin d’être un espace monétaire
optimal, la zone euro a fonctionné tant
bien que mal lorsque la conjoncture était
au beau fixe. Elle était cependant vouée
à l’échec dans la crise. Pour être plus précis: elle aurait depuis longtemps éclaté
(en partie du moins) si elle n’était pas artificiellement maintenue en vie par
l’abondance de liquidités organisée par
Bruxelles et alimentée par la Banque
centrale européenne (BCE).
Lutte contre la faillite des Etats
Pendant ce temps, on a assisté à un approfondissement du clivage nord-sud
avec des Etats méditerranéens secoués
par des difficultés économiques sous la
conduite d’une France également faiblissante. Il serait urgent d’y lancer des
réformes comme un assouplissement
radical du marché du travail et une accélération des innovations industrielles.
Cette politique de la croissance est cependant diamétralement opposée à ce
que François Hollande entend par
«croissance». Le président français et les
autres dirigeants politiques de son bord
postulent bien plus des redistributions
populistes et des mesures de stimulation
aux effets éphémères comme une augmentation des salaires et des rentes quasi impossibles à financer, l’imposition
La politique financière
nuisible du Conseil fédéral
Problématique de la politique financière du Conseil fédéral pour
les employés de banque et la place financière.
Avec plus de 200’000 emplois, la
place financière suisse contribue à
10,3% du produit intérieur brut. Véritable locomotive économique, le secteur financier n’est pas cloisonné sur
lui-même, mais interagit avec l’ensemble de l’économie en stimulant la
demande de services. Les salaires des
collaborateurs de ce secteur, supérieurs aux revenus médians, contribuent à la consommation de biens et
de services en Suisse. Sans oublier que
d’un point de vue fiscal, l’activité de la
place financière génère environ 14%
des recettes fiscales en Suisse.
Prétendument orientée vers la compétitivité, la politique financière du
Conseil fédéral consiste actuellement à
exécuter les exigences des gouvernements étrangers, sans réaliser les
conséquences des concessions faites.
En ne trouvant aucune résistance face
à leurs revendications, les pays opposés à la place financière helvétique se
voient confortés dans leur démarche,
comme si le Conseil
fédéral les invitait à
revenir à la charge.
Les concessions du
Conseil fédéral, loin
d’être anodines, déploient déjà leurs effets en matière d’emploi et elles accentuent
les difficultés de la place
financière
dans
un
contexte
économique
globalement morose. A
Genève, où la place financière contribue au cinquième du produit intérieur brut, beaucoup de
banques et d’établissements financiers ont réduit ou envisagent de
réduire leur personnel.
Certaines
banques
ont procédé à d’importants
licenciements et de nom-
breux établissements financiers de
taille modeste ont supprimé quelques
emplois. Entre 2010 et 2011, la part
du secteur financier dans le PIB du
canton de Genève a diminué de
0,8%.
Il résulte des modifications
induites par les accords avec
l’étranger, une baisse de
l’activité pour la place financière. Selon certaines
estimations, 20% des emplois pourraient disparaître suite aux accords
fiscaux avec l’Allemagne,
la Grande-Bretagne et
l’Autriche. Le déclin de
la place financière suisse
profitera à d’autres places financières comme Singapour, destination vers laquelle une partie de
nos emplois pourrait migrer.
Céline Amaudruz est une femme très engagée
comme conseillère nationale, présidente du parti
cantonal et gestionnaire de fortune.
Question à l’expert des finances Hans Kaufmann
«La politique d’endettement de l’UE et ses conséquences pour la Suisse m’inquiètent pour ma
prévoyance-vieillesse et mes économies. De plus, la banque ne me sert qu’un faible intérêt.
Que dois-je faire avec mes économies de 50 000 francs?» (Bruno M., Berne)
Il convient d’être prudent lorsqu’on dispose d’un capital de 50 000 francs. Pour des raisons conjoncturelles et de politique monétaire, la \