édition spéciale novembre 2012 | Page 4

4 5 Il était une fois la sécurité, la propreté et l’ordre… La Suisse propre, sûre, ordrée, cette image a longtemps marqué notre pays. Et aujourd’hui? Nous devons bien admettre que c’est du passé. Dans les villes en tout cas où les actes de brigandages, les vols, les déchets sur la voie publique, le vandalisme, les manifestations de casseurs et les agressions contre les autorités et la police font désormais partie du quotidien. Chaque dimanche matin la Ville de Berne prend l’allure déprimante d’une décharge publique avec des rues parsemées de déchets. Une étude de l’Office fédéral de l’environnement (OFEV) indique que ce phénomène portant le nom anglais de «littering» provoque des coûts de nettoyage de quelque 200 millions de francs par an en Suisse. Notre société de consommation a oublié beaucoup de principes utiles, notamment celui de prendre la responsabilité du bien-être général. Aux déchets jetés sans scrupule sur la voie publique s’ajoutent le vandalisme, les excès d’alcool et la violence. Ce sont là les conséquences d’une perte de valeurs. Inquiétant aussi, le développement de la violence illustré par les événements du mois d’octobre 2012. En l’espace de dix jours, quatre voitures de police ont été bombardées de bouteilles près de l’ancienne école d’équitation de Berne. Des graffitis sur les murs appellent à la violence contre les forces de l’ordre. Selon une information diffusée par les agences de presse, les trains de nuit ont été le théâtre de quatre actes de brigandage: des malfaiteurs ont arraché à trois femmes et deux hommes porte-monnaies, sacs à main et télé- La conseillère nationale Andrea Geissbühler en pleine action comme policière en ville de Berne. phones portables après les avoir menacés ou même tabassés. Deux de ces individus, des nord-africains, sont en détention provisoire. Pareils événements font désormais partie du quotidien de l’agente de police que je suis. Et, fréquemment, nous rencontrons le lendemain en liberté dans la rue les mêmes personnes que nous avons dû emmener au poste la veille. La statistique donne une idée précise de cette évolution dramatique. En ville de Bâle, par exemple, les brigandages ont augmenté de 40% durant les six premiers mois de cette année par rapport à la même période de 2011. 165 attaques ont été enregistrées, ce qui fait en moyenne un crime violent par jour dans la cité rhénane! Les autorités politiques doivent soutenir la police afin que celle-ci puisse intervenir rapidement et rigoureusement. Il est temps aussi que l’autorité judiciaire punisse enfin sévèrement les agressions contre les policiers, les secouristes et d’autres agents publics. Voilà la seule manière de rétablir la propreté, la sécurité et l’ordre dans les villes suisses et de redonner à ses habitants la qualité de vie qu’ils méritent. Andrea Geissbühler, conseillère nationale, Herrenschwanden (BE) Le défi multiculturel Les actuels flux migratoires vers la Suisse ne sont absolument pas comparables – ni qualitativement, ni quantitativement – à l’arrivée des Italiens dans les années soixante. La Suisse est désormais confrontée à des défis insoupçonnés. Conséquence de l’effet cumulatif de l’accord de Schengen, de la libre circulation des personnes et du flot de migrants arrivant sous le prétexte de l’asile et submergeant le pays (notamment en provenance de l’espace nord-africain), la population suisse est désorientée. Si l’intégration des immigrants a bien fonctionné au siècle passé, ce n’est plus le cas aujourd’hui. Pour la simple raison que les immigrants arrivent en tel nombre qu’il n’est guère plus possible de les accueillir et de les intégrer de manière appropriée. Le problème provient aussi d’un énorme clivage culturel et religieux entre les nouveaux immigrants et la population indigène. Inquiétant développement de sociétés parallèles De plus en plus souvent on assiste dans divers pays européens et progressivement aussi dans les villes suisses à l’émergence de ghettos sociaux, culturels et religieux qui se développent comme des sociétés parallèles. Fondée depuis le siècle des lumières sur le principe de l’individualité, notre société n’est pas préparée à accueillir et à intégrer des groupes organisés par ethnies, donc fonctionnant comme des collectifs quasiment immunisés contre toute influence extérieure. L’individualisme ne fonctionne que dans une société plus ou moins homogène dont les membres connaissent et appliquent les règles générales de cohabitation. De surcroît, l’Etat doit être prêt à imposer ces règles. Des familles et des clans à la place de l’individu et de l’Etat Le problème provient du fait que dans la majorité des sociétés extra-européennes les intérêts des familles et des clans sont placés au-dessus de ceux de la collectivité. S’ajoute à cela, notamment en ce qui concerne l’islam, une conception totalement différente de l’individ KH8