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Commentaire:
Pourquoi
cette Édition
spéciale UDC ?
L’UDC a publié sa première Édition spéciale en novembre dernier. Nous y
avons présenté notre conception des principes et des valeurs qui font le succès
de la Suisse. Mais nous avions encore un autre objectif: rappeler les droits de
la liberté d’opinion et de la liberté des médias.
Le 3 mars 2013 les citoyennes et les citoyens devront décider sur trois projets importants. A côté de l’initiative populaire «contre les rémunérations
abusives», qui a alimenté d’intenses discussions durant les mois écoulés, la
révision de la loi sur l’aménagement du territoire fait elle aussi l’objet d’une
campagne visible. Le troisième thème de cette votation est cependant resté à
l’arrière-plan alors que c’est sans doute lui qui aura les conséquences les plus
graves: l’inscription d’un nouvel article sur la politique familiale dans la
Constitution fédérale. Les médias préfèrent apparemment s’étaler sur les divergences entre Christoph Blocher et Thomas Minder que de s’interroger sur
les effets de l’article sur la famille.
Les familles suisses ont longtemps échappé à l’interventionnisme de l’Etat et
aux excès réglementaires de la politique. Le choix du modèle familial, de la
forme du partenariat ou encore l’éducation des enfants étaient une affaire de
responsabilité individuelle. Chaque famille pouvait faire son bonheur à sa
manière. L’Etat n’intervenait que dans des cas de détresse. En cas de besoin,
les communes et les cantons mettaient en place, en complétant à l’initiative
privée, des offres taillées sur mesure pou r la garde extrafamiliale des enfants.
Ainsi ont été créés à de nombreux endroits des crèches et autres structures
d’accueil des enfants durant le jour qui s’ajoutent aux structures privées des
associations de parents et les offres d’entreprises pour leurs employés.
La proximité des citoyens dans les communes et les cantons faisaient
que ces tâches étaient assumées en fonction des besoins réels et à un coût
supportable.
Encouragée par la politique et un besoin d’imiter l’étranger, une nouvelle
tendance a fini par se manifester en Suisse: l’Etat doit guider de manière centralisée le développement des familles et veiller à ce que celles-ci trouvent
partout les mêmes conditions-cadres, que la garde et l’éducation des enfants
soient standardisées, que les enfants soient le plus rapidement possible scolarisés. L’un des objectifs de cette création d’une infrastructure d’accueil dans
toute la Suisse est d’intégrer des enfants de langues étrangères ou provenant
de cultures lointaines parce que la Confédération considère ces enfants
comme désavantagés. Tout cela sera l’affaire de l’Etat et le contribuable devra
passer à la caisse.
Le nouvel article constitutionnel sur la famille est l’expression de cette nouvelle mentalité. Il a franchi la procédure parlementaire sans faire de bruit.
L’économie et les médias se concentrant sur les débats concernant l’initiative
«contre les rémunérations abusives» et la révision de la loi sur l’aménagement
du territoire, il n’y a guère que des représentants des autorités ou des organisations et groupements subventionnés par l’Etat qui se manifestent.
Nous voulons changer cela avec notre Édition spéciale. L’article sur la famille initie une réorientation fondamentale en politique sociale qui aura
des effets sur la conception du rôle de l’Etat ainsi que de lourdes conséquences financières. Avec cette Édition spéciale nous apportons une contribution – sans aide de l’Etat ! – à la formation de l’opinion publique.
Conseiller national Toni Brunner, président de l’UDC Suisse
Impressum
NUMÉRO SPÉCIAL | ÉDITION SPÉCIALE est une publication de l’Union démocratique du centre UDC | Tirage: 974 664 ex. |
Edition et rédaction: UDC Suisse, secrétariat général | case postale 8252 | 3001 Berne | Tél.: 031 300 58 58 |
Fax: 031 300 58 59 | [email protected] | www.udc.ch | Rédacteur externe: Martin Sinzig | Conception et graphiques:
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Stefan Marthaler, Dany Schaer, UDC Suisse, Hans Waldmann | Caricatures: Martin Guhl | Imprimerie: Die Zeitungsdrucker
Schweiz AG, 4002 Bâle
Attention: ce journal n’est ni une publicité, ni une réclame, mais une information politique. Il peut donc aussi être distribué
dans les boîtes aux lettres portant l’autocollant «stop publicité». Merci de votre compréhension.
Ne pas réduire la
l
iberté des parents
La conseillère nationale Nadja Pieren est éducatrice diplômée de la petite
enfance. Entre 2004 et 2006 elle a suivi et terminé une formation de
cadre dirigeant professionnel avec diplôme fédéral tout en gérant une
institution d’accueil des enfants durant la journée. En 2005, elle a fondé
une crèche privée qu’elle dirige toujours aujourd’hui.
Edition spéciale: Madame Pieren,
pourquoi n’existe-il pas plus de
crèches?
De nombreuses crèches publiques
pour les enfants en âge préscolaire
sont créées chaque année, notamment
dans les villes. Cette offre ne cesse de
s’étendre. Comme crèche privée, il est
très difficile de se positionner sur ce
marché. On n’est pas concurrentiel au
niveau des prix.
De plus, l’ouverture d’une nouvelle
crèche est soumise à d’énormes
contraintes administratives. Cela commence par la recherche de locaux adéquats. Une crèche étant considérée
comme une entreprise artisanale, on
ne peut pas l’organiser dans son propre
appartement à moins de déposer une
demande de réaffectation, ce qui coûte
cher et prend beaucoup de temps –
pour finalement être refusé dans la
majorité des cas. Le service de la jeunesse impose de nombreuses conditions – locaux, personnel, hygiène,
concept, principes directeurs…
Bref, la bureaucratie est très lourde.
De plus, une crèche est soumise au
contrôle d’hygiène alimentaire (chaque
année comme dans un restaurant).
Toutes ces exigences bureaucratiques
découragent nombre d’entreprises et
de particuliers à créer des offres de
garde extrafamiliale des enfants.
Nadja Pieren, directrice d’un jardin d’enfants privé, aime à passer ses loisirs avec des enfants. La voici en
compagnie de son filleul Levin (8 ans, à droite) et de son frère Lenn (4 ans).
Vous vous prononcez contre
«
l’étatisation des enfants», mais les
enfants dans votre crèche ne sont pas
non plus éduqués à domicile…
Il y a pour moi une différence essentielle entre un système où l’Etat prescrit aux parents comment et combien
de fois ils peuvent faire garder leurs
enfants par des tiers et un autre où les
parents décident de leur propre responsabilité la manière dont ils veulent
faire garder leurs enfants.
Il n’y a absolument rien à reprocher à
des parents qui mettent leurs enfants
dans une crèche 2 à 3 jours par semaine. Ces parents agissent en toute
conscience et conservent l’essentiel de
la responsabilité éducative de leurs
enfants.
Mais si l’article sur les familles est
accepté le 3 mars prochain, toute la
garde extrafamiliale des enfants sera
étatisée. Les familles ne pourront plus
choisir librement. Avec pour conséquence que nombre de parents feront
garder leurs enfants par des tiers. La
responsabilité éducative passe donc
des parents à l’Etat. C’est contre cela
que je me bats. En revanche, je soutiens le modèle actuel d’une garde des
enfants qui complète l’éducation au
sein de la famille.
Politique familiale de proximité conforme aux besoins
Les familles doivent être soutenues sur place et conformément aux besoins réels.
Une politique familiale imposée par la Confédération viole le principe du
f
édéralisme et passe à côté des besoins des familles.
Père de trois enfants en âge préscolaire et scolaire, je suis sollicité tous les
jours. L’éducation des enfants demande beaucoup d’énergie et de
temps, souvent aussi de la patience et
des nerfs solides. Mais la garde et
l’éducation de ses propres enfants est
pour presque tous les parents une des
plus belles tâches. Voir ses enfants
grandir et se développer est une source
de joie et de fierté. Les parents n’ont
pas tous les mêmes possibilités de garder et d’éduquer leurs enfants, mais il
est vrai aussi que les enfants n’ont pas
tous besoin des mêmes conditions.
Chaque famille, chaque père, chaque
mère et chaque enfant est individuel.
Une politique familiale ordonnée par
l’Etat passe à côté des besoins réels des
familles et provoque avant tout des
charges financières dans les cantons.
Les cas de détresse sont pris
en compte
De nombreux couples ne veulent
plus répartir entre eux la garde des
enfants, mais réclament une aide extérieure. Ce souhait est compréhensible,
également dans la perspective de la
formation professionnelle des femmes
et des besoins de l’économie en maind’œuvre. En tant que directeur de
l’instruction publique, je souhaite
qu’un maximum de jeunes femmes
reçoivent une solide formation et
puissent ensuite la faire valoir dans la
Stefan Kölliker est conseiller d’Etat à St-Gall et
père de trois enfants.
vie professionnelle. Je soutiens donc
par principe les efforts visant à concilier la famille et l’exercice d’une profession. Mais l’article constitutionnel
mis en votation dépasse largement
l’objectif visé. La garde des enfants
doit être organisée sur place et en
fonction des besoins réels. Si la société
a besoin de crèches et d’autres structures d’accueil de jour, l’économie privée s’en chargera. Il n’est pas acceptable que l’Etat intervienne à chaque
fois pour répondre à des besoins et résoudre des problèmes. Et il est encore
moins tolérable que l’Etat offre ce service gratuitement – exception faite
bien sûr des cas de détresse (cas de rigueur) où l’aide publique est indispensable.
Charges supplémentaires
pour les cantons
Comme membre d’un gouvernement cantonal, je me bats avec détermination contre l’article sur la famille
qui restreint l’autonomie cantonale et
ne tient pas compte de la diversité des
besoins (par exemple, des villes et des
campagnes). Ces dernières années, la
Confédération est intervenue de plus
en plus souvent dans les compétences
cantonales, la dernière fois avec sa loi
sur l’aide au sport. Ces interventions
imposent toujours des charges supplémentaires aux cantons. St-Gall comme
beaucoup d’autres cantons doit affronter des déficits structuraux et des
hausses d’impôts. Si on délègue tout et
n’importe quoi à l’Etat, il ne faut pas
s’étonner que la facture fiscale augmente d’année en année.
Les solutions trouvées sur
place sont les meilleures
La prospérité et le succès de la Suisse
s’expliquent par un système où les citoyennes et les citoyens se chargent
des problèmes à leur portée au niveau
communal et ne réclament pas
constamment l’aide de l’Etat. Offrons
une chance aux projets privés et
contentons-nous de leur donner un
coup de pouce sur place si c’est indispensable.
Stefan Kölliker, conseiller d’Etat et directeur de
l’instruction publique du canton de St-Gall