PORTRAIT
Camille, « Happy »culteur
Julien POUX est allé rencontrer Camille Dubray,
apiculteur installé à Cliousclat dont vous pouvez
trouver le miel au marché du coin et dans des
commerces locaux.
D'où viens-tu Camille Dubray ?
Alors Camille et moi, on est originaires de Haute
Savoie.
C'est là-bas qu'on s'est connus. Ensuite on a un peu
vadrouillé : on a vécu en Espagne où on enseignait le
français et l'anglais, puis en colocation dans l'Hérault.
Puis Camille a passé le concours de l’Éducation
Nationale et on s'est retrouvés dans la région par la
voie des affectations.
Moi j'avais 60 ruches à l'époque, et l'avantage avec
l'apiculture, c'est que c'est transposable. Il suffit de
charger les ruches dans la bagnole, et hop !
Et comment en es-tu arrivé à l'apiculture ?
Eh bien, je suis issu d'une famille dans laquelle on fait
des études supérieures. Je suis le dernier de la fratrie,
et donc, la question ne s'est pas vraiment posée pour
moi. Je voulais faire Histoire-Géo, mais mes parents
considéraient qu'il n'y avait pas de débouchés, donc
je me suis retrouvé à faire Eco-Gé, sans réelle motivation. J'ai suivi ce cursus en version « bohème »,
et je l'ai fini avec l'envie de voyager.
Donc j'ai passé 4-5 ans à faire des petits boulots à droite à gauche : facteur, serveur, ouvrier, marin,
… histoire de voyager.
Puis à un moment, j'en ai eu marre de bosser dans des jobs où le sens de ce que tu fais t'échappe
et dont l'objectif est d'enrichir quelqu'un. Du coup, j'ai réfléchi à une activité qui aurait du sens pour
moi. Et c'est comme ça que j'en suis venu à l'apiculture.
C'était y a 5 ans. J'ai contacté un apiculteur au hasard, qui m'a raconté sa vie, et ça m'a botté.
Il m'a proposé d'aller bosser avec son ancien ouvrier, ce que j'ai fait pendant quelques semaines,
puis je m'y suis mis en solo en m'inscrivant à la cueillette d'essaims.
Ça consiste en quoi, cette cueillette d'essaims ?
En fait, dans le cas d'un essaim d'abeilles chez un particulier, les pompiers ne les détruisent plus
puisqu’elles sont protégées. Désormais, ils donnent le numéro d'apiculteurs qui viennent les
récupérer. Et c'est de là que mes ruches sont issues. Ce sont donc des abeilles de sauvegarde.
J'ai commencé comme ça y a 5 ans, avec 4 essaims cueillis, et j'ai développé mon cheptel en les
divisant petit à petit.
Aujourd'hui, j'ai 160 ruches.
Au début, avec mes 4 ruches, je ne me voyais pas forcément en faire mon métier. Mais au final, ça
répondait à pas mal de critères qui me parlaient : c'était un métier qui avait du sens pour moi
(j'exploite personne, je fais un truc utile pour ma fille, pour les gens), qui me permettait d'être
indépendant et de gérer mon propre emploi du temps, et qui me procurait une fatigue saine (que
je ne trouvais pas dans le job de prof).
Et puis j'ai fait un choix depuis le début. Tu sais, le monde de l'agriculture, il est productiviste, c'est-à-
dire qu'on demande aux arbres de produire beaucoup de fruits, aux épis de donner beaucoup de
blé... Eh bien, c'est pareil pour l'abeille. On a développé depuis un bon siècle des abeilles très
productivistes : elles doivent produire énormément d'individus et de miel. Le problème, c'est que
ces abeilles, elles ne sont pas rustiques du tout. Elles résistent beaucoup moins au froid et aux
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