J ’ imaginais déjà le bruit de la lame et je sentais l ’ odeur de brûlé et de la poudre de la scie me coupant les os . « Non , non , oh non ! » dit ma femme .
« Je suis désolé , » insista le docteur , « nous pouvons lui donner 10 années de plus à vivre , mais pour cela nous devons l ’ opérer dans les 90 jours à venir . »
Des larmes coulèrent à nouveau des yeux de ma femme et elle serra fortement ma main . Elle était aussi terrifiée que moi .
La semaine suivante fut la pire de ma vie .
De retour chez nous , je passais toute la journée sur mon canapé et je suis embarrassé de l ’ admettre mais j ’ avais pitié de moi-même .
Voyez-vous , notre fille aînée nous avait récemment annoncé qu ’ elle et son mari attendaient notre première petite fille .
Depuis que ma fille s ’ était mariée , j ’ avais hâte de devenir grand-père . Je m ’ étais toujours imaginé marchant jusqu ’ au service de natalité , en train de regarder tous les nouveau-nés dans leurs berceaux . Je savais que je serais capable de reconnaitre ma petite-fille .
Ce serait le tout premier des moments précieux de toute une vie avec elle .
Mais à présent , je serai en chaise roulante . Je serai contraint de regarder le rebord de la fenêtre pendant que ma femme me décrira ma petite fille . Je sais , je serai quand même grand-père et je devrais être reconnaissant .
Mais je perdais plus que ce premier moment .
Je ne la suivrai jamais dans tous les recoins de la maison quand elle apprendra à manger , pas plus que je ne pourrai courir avec elle dans le jardin à la période où les feuilles tombent .
Ma petite fille ne me verrait jamais comme un camarade de jeu , un grand-père comme les autres . Mais plutôt comme un élément fragile du mobilier , un handicapé dans la maison .
J ’ étais coincé dans la « prise en charge du diabète » et la cause fondamentale de mon diabète allait encore me prendre mes jambes et puis ma vie . ( Et à l ’ époque je n ’ étais pas au courant des grands laboratoires pharmaceutiques qui soudoyaient les médecins pour leur faire prescrire leurs médicaments , sinon j ’ aurais été furieux . Mais je reviendrai là-dessus dans une seconde .)
Le futur s ’ annonçait comme une voie sombre , terrifiante et sans issue , que je n ’ avais certainement pas envie d ’ emprunter .
J ’ ai pratiquement baissé les bras .
J ’ étais réellement à la croisée des chemins . Je pouvais m ’ asseoir et accepter mon destin , perdre mes jambes et mourir jeune … ne jamais voir ma petite fille grandir .
Ou bien je pouvais lutter et trouver un moyen de me libérer de cette vaine et inutile « prise en charge du diabète »… et de détruire réellement ma maladie .
Je savais que je devais me battre . J ’ étais déterminé à me tenir sur mes deux pieds quand je regarderai pour la 9 / 24