Colloque Julius Koma COLLOQUE corrigé le 4 juin 2017 | Page 66

Elles sont reconnues comme Saintes probablement. Je dis probablement, parce que je l’ignore. Ces Saintes, on les laisse à l’abandon sous une couche de poussières. C’est un peu dommage, mais c’est pour dire que les Saints n’ont pas tous le même vécu de leur vivant de Saint et n’ont pas tous la même chance au niveau de leurs reliques. Quant aux restes humains, devenus reliques, la position de l’église tend progressivement à changer. Je vais prendre trois exemples, 3 béatifications. 2001, 2011, 2014. 2001 : Jean-Paul II béatifie Jean 23. Le corps est exhumé. Les trois cercueils sont ouverts, le corps du pape est exposé désormais dans la basilique visible dans une châsse en verre. 2011 : Jean-Paul II est béatifié. Le corps est exhumé. Les cercueils ne sont pas ouverts. Le corps n’est pas visible, est dans un sarcophage en marbre. 19 octobre dernier : Paul VI est béatifié. On n’exhume pas. On rajoute simplement le mot Béatus sur la pierre tombale qui reste dans les catacombes du Vatican. C’est probablement une évolution limitée, discrète mais qui indique ce que l’église va de plus en plus faire. On ne va plus considérer comme relique directement le corps. Les os ne seront plus des reliques. L’intégrité du corps du Saint va probablement avec le temps être de mieux en mieux respectée pour éviter qu’il y ait des Saints qui soient coupés en des centaines de petits morceaux. Ce n’est pas le cas de Waudru, mais il y en a d’autres pour qui ce fut le cas. Les nouvelles reliques sont des objets qui ont appartenu, des traces de sang ou autres souvenirs. Mais le corps va rester intact. L’église demande d’ailleurs qu’on ne démembre pas de trop les corps des Saints. Chose qui n’a jamais été respectée parce que les reliques coupées en centaines de morceaux, c’est intéressant. Vendues, les reliques, c’était une source d’argent. Posséder des reliques, c’était aussi l’origine de pèlerinages, donc une source de revenus. Les reliques n’ont jamais été gratuites. Les reliques avaient toujours un sens spirituel mais un sens matériel également. Alors, ces reliques de temps en temps, il faut les authentifier. Comment faire ? Question délicate. Quand en 1997, j’ai demandé à Monseigneur Huart de procéder à la reconnaissance des reliques de Sainte Waudru, sa première réaction a été : « je n’ai pas le temps ». Ce qui en d’autres termes signifiait de la part de l’évêque : « on passe à autre chose et tu n’y reviens plus ». Un an plus tard, il a eu un remords et il me dit : « Tu étais sérieux avec ton affaire d’ouverture de la châsse ? Oui puisqu’il y a des questions sur le linceul. Ça pourrait être intéressant. On a décidé avec l’Evêque d’ouvrir ou plus exactement, l’Évêque a décidé, a permis d’ouvrir. On partait dans l’inconnu. Ce qui se disait à Mons à l’époque, c’était que dans la châsse de Sainte - Waudru, il n’y avait rien, ou des pierres, ou des os de lapin ... Ça s’explique aisément parce que la mémoire humaine n’avait plus vu le contenu de la châsse, pas de documents écrits pas d’iconographies. Tout simplement parce que le document écrit avait brûlé en mai 40 lors de l’incendie des Archives de l’Etat. On partait dans l’inconnu. On savait qu’il y avait quelque chose dans le cercueil parce qu’en le transportant, on l’avait secoué un petit peu, et on avait bien entendu à l’intérieur ploc, ploc ploc et donc, on savait qu’il y avait quelque chose. Ça pouvait être les pierres dont les montois parlaient. On a ouvert, on a trouvé des documents intéressants, parce que ce sont les actes qui authentifient les reliques depuis au moins 1157. Les linceuls ont été dépliés comme un sac avec des reliques en parfait état : les reliques cachées de Waudru. 66