Colloque Julius Koma COLLOQUE corrigé le 4 juin 2017 | Page 124

Avoir en main un crâne développe le fantasme, développe de l’imaginaire. J’aime bien la rencontre des scientifiques qui y prennent du plaisir. Il y a moyen de faire avancer les choses par des rencontres. Ce que nous avons voulu aujourd’hui, créer des « rencontres inopinées ». C’est-à-dire à un moment donné des mots qui ne rencontrent jamais. J’ai vu pendant deux jours des gens sourire. Nous avons travaillé pour essayer d’avoir autour d’une table des gens de disciplines différentes qui ne se voient jamais et qui souvent se méprisent. Il ne faut pas oublier que la plupart portent en eux un mépris radical d’autres disciplines. Arriver à ce qu’on a fait : qu’un philosophe, un écrivain, un sociologue, un architecte, un muséologue, un psychologue, un conservateur, un journaliste, un historien, un anatomiste brillant, un juriste, un neveu, un physicien, que tous ces gens qui, non seulement ne s’aiment pas d’une catégorie à l’autre mais parfois à l’intérieur de la même catégorie ne s’apprécient pas non plus… Ça s’est fait, et puis ça va continuer j’espère. J’ai vraiment envie qu’on se revoie pour qu’on essaye de, pas sceller le destin de Julius Koch, mais entrevoir ce qu’il nous permet. Julius, Constantin, le Suisse, cette pièce remarquable, ce patrimoine remarquable, ce corps, ce cadavre, cette dépouille, cette chose, ce truc, ce machin, ce débris, a existé par vos mots. Julius nous a appris, nous apprend un siècle forain. Cet enfant de la balle, qui pourtant n’a pas été fusillé est tombé à Mons. On tombe souvent à Mon non pas parce que les pavés sont mauvais, mais on tombe souvent à Mons. Julius Koch nous a donné malgré son inertie, sa force d’inertie. Il nous a donné son rythme. Il a donné ses os, enfin il nous les a prêté, pour qu’on puisse les regarder, et pouvoir dans 100 ans se poser la question : « quels seront nos restes ? ». Il nous a offert ses os et un peu de leur « expression ». Quelques glissements de sens, quelques clarifications de quelques valeurs plus loin, avec la présence de rigueur scientifique, avec du verbe, avec des lettres et avec de la conviction. Ses fractures nous ont dit des ruptures, fortuites ou volontaires, qui ont mené à sa conservation, à sa monstration, et à son exhibition et sa protection. Sa carcasse nous a dominés de ses 2m58. A travers quatre générations ! Qui pourra en dire autant ? Il nous a donné deux jours. Ce n’est pas beaucoup mais c’est à la fois beaucoup. Pour essayer de faire valoir son immense minuscule stature. Maintenant il va ronfler Julius, Constantin, comme disait Roland Thibaut dans son beau texte: « ne te relève pas mon petit, dors. Tu es sous de bonnes gardes. Bonne nuit ! Signé Tes copains. Nous viendrons te voir demain pour te changer les draps. » Intervenant : Un personnage qu’on n’imaginait peut-être pas convoquer ici, Saint Bernard de Clervaux a écrit : « que ceci soit la fin du livre, etnon la fin de la recherche ». Jacky Legge: En tout cas, je crois que la richesse des interventions a permis de faire en sorte que dans la vitrine ici à côté ce n’est plus un « truc », mais Julius qui est avec nous. 124