de procès sur les lieux mêmes du crime. La peinture de Van Nath autrefois instrumentalisée à des fins de propagande retrouve alors son autonomie, sa propre voix et témoigne à la fois de l’ histoire de Van Nath dans ces lieux, mais également de l’ Histoire.
* Voir CD
Ce qui est frappant c ' est la différence de comportement entre les bourreaux du S21 et ceux de The Act of Killing. Les bourreaux du S21 ne revendiquent rien. Ils semblent en dehors d’ eux-mêmes, en dehors du monde, sans aucune conscience des gestes qu’ ils ont fait et qu’ ils répètent encore de la même façon. Face à l’ incompréhension des survivants ils se justifient en disant que ces gens torturés et assassinés leur étaient présentés comme étant l’ ennemi, sans s’ interroger d’ avantage, preuve d’ une soumission aveugle à l’ autorité. En les observant s’ exécuter mécaniquement, complètement passifs, désanimés face aux ordres donnés par le réalisateur je me retrouve confrontée à cette question de l’ autorité, qui s ' est avérée traverser tout ce texte au fil de mes notes. Ici une certaine autorité du réalisateur qui semble être mise en avant et qui est curieusement associée à celle de l ' Etat, qui lui aussi met en scène et fait passer des faux-semblants pour le réel.* Et tout le monde obéit respectant comme une convention sacrée cette autorité. Confondant acteur et automate sans vie. Rithy Panh révèle l’ aliénation de ces jeunes bourreaux, incapables de penser par eux-mêmes, rendus absents au monde jusqu’ à en perdre complètement leur humanité. On entend plusieurs fois au cours du film, « on devait obéissance absolue à l ' Angkar ». Le peintre Vann Nath est plein de stupeur face à la réaction de ses bourreaux, constatant qu ' ils ne font plus la différence entre l ' humain et l ' animal. Bourreaux et victime sont autour d ' une table, discutant avec calme. C ' est le peintre qui se charge de les interroger sur leur état d ' esprit à l ' époque dans le but d ' essayer de comprendre ce qu ' il s ' est passé, comment en sont-il arrivés à commettre ces actes: « Si on pense au mot Destruction, il est plus cruel. Dans Tuer, il semble rester un peu de morale, dans Destruction, il n ' y a plus rien d ' humain,
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