lité, qui même s’ il n’ est pas clairement revendiqué, se laisse facilement déceler tout au long du film. Joshua Oppenheimer reste en retrait, laisse faire, intervenant de temps en temps pour poser des questions mais sans déranger le tournage de ce film de propagande. Ce sont les tortionnaires eux-mêmes qui mettent en scène leur propre fiction et réinventent l ' Histoire, et ainsi leur propre histoire. Ce film-fiction de propagande, dont la nature reste très obscure, a également pour but de déculpabiliser Anwar Congo et toute sa bande, et c’ est précisément cet aspect qui intéresse Joshua Oppenheimer dans ce tournage. Les acteurs / assassins tissent eux-même la toile dans laquelle ils vont se perdre. Et lorsque l’ on constate leur fascination superficielle pour les films de Coppola ou de Scorsese, il n’ est pas étonnant qu’ ils choisissent de faire dans le sensationnalisme et le kitsch, dans l’ idée qu’ ils se font d’ un film Hollywoodien, pour réaliser leur film propagandiste. C’ est d’ ailleurs par une scène de tournage de ce film que The Act of Killing commence. En hors champs se fait entendre la voix du réalisateur / gangster qui donne des indications aux acteurs: « Peace! Hapiness! Smile! And natural beauty! This isn’ t fake! »*. Des danseuses emplumées sortent en file indienne de la bouche d’ une architecture prenant la forme d’ un poisson géant. Le ton est donné. Paillette à foison, maquillage clownesque, jungle luxuriante, plumes roses et autres artifices oscillants entre grotesque, kitsch et exotisme rencontrent des scènes de tortures et d’ exécutions gores aux effets spéciaux un peu sommaires. Le paysage onirique évoque ceux de Tim Burton teinté d ' une touche d ' exotisme. Il y a quelque chose de l’ ordre du grotesque visible par exemple à travers le personnage d’ un gros drag queen cannibale qui m’ a directement fait penser au personnage de Divine mis en scène dans Pink Flamingo de John Water mais également une forme d’ onirisme angoissant emprunté à Terry Giliam. Aucun doute que le réalisateur et les acteurs improvisés ont vu des films américains, détiennent à leur façon une certaine culture cinématographique et ont été influencés dans leurs choix de mise en scène contrastant étrangement avec la gravité et l’ intention du
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