préhender lorsque la cause du réel a disparu. Il ne s’ agit pas d’ un langage puisque ce relai est a-logique. C’ est une forme d’ illumination, dans laquelle toute possibilité de négation est suspendue. Cet effet d’ illumination suscitée par une structure narrative n’ a lieu que lorsque je peux élaborer ce pont mental. C’ est à travers la lecture de romans dans des endroits variés que j’ ai pris conscience de l’ existence de ce pont mental que je construisais. J’ ai alors eu l’ intuition que nos sociétés européennes avaient trop souvent conditionné nos esprits à comprendre la narration comme un monde parallèle au réel. Lorsque nous arrêtons de croire aux mythes de notre enfance et que nous quittons le monde dit de l’ imaginaire pour se confronter violemment au réel on devient adulte. Et pourtant il est évident que le réel seul ne saura être supportable pour n’ importe quel être humain. Cette époque, dans laquelle nos sociétés ne font plus sens pour ma génération, connaît des changements brutaux et il est possible que l’ on manifeste contre le caractère indicible du monde dans lequel on vit. Et que l’ on fasse une école d’ art sûrement pour les mêmes raisons. En période de crise le rêve ne parvient plus à prendre le relai et il nous manque une vision, la possibilité de se raconter des histoires.
Il me semble que je suis le produit de la collision-collusion de la réalité du contexte dans lequel je me trouve et de l’ expérience de la narration que je m’ invente. J’ avais toujours pensé en collision, de manière binaire et manichéenne alors que le réel s’ organise en collusion avec les formes fictives. Les formes narratives sont des complices des manifestations du réel. Cette affirmation sonne un peu comme « l’ eau ça mouille » et pourtant elle me semble complexe à expliquer. C’ est pourquoi je m’ empare de ces formes documentaires qui expliqueront à ma place ce mécanisme de collision-collusion qui me semble constituer le réel. Pour comprendre cette vaste question j’ ai procédé par effet de zoom, à la façon d’ une poupée russe, dans des « lieux » qui me semblent pertinents pour mettre en crise mes préoccupations. Ma première partie,‘ Se raconter des His-
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