1 Comolli Jean-Louis, Voir et Pouvoir-
L’ innocence perdue: cinéma, télévision, fiction, documentaire,
2004
* Sémantique désignant l’ étude du langage considéré du point de vue du sens, des relations de signifiant au signifié. l’ expérience. Berkeley pouvait toujours contester l’ existence du réel mais la preuve du Pudding selon Engels c’ est que l’ on n’ a plus faim après avoir mangé. Le vécu est ainsi l’ expérience immédiate du réel. C’ est cet aspect qui m’ intéresse le plus, car la connaissance est une déduction de l’ expérience. Je sais pour sûr qu’ est réel ce que j’ expérimente dans un moment présent. Il est question de sensation et de temporalité. Il est impossible à reproduire car toujours passé et jamais fini. C’ est tout ce que je sais et c’ est à la fois trop peu et suffisant. Ce que je sais du réel c’ est après tout ce que le réel veut bien « me dire ». Mais il lui arrive de balbutier et de ne plus produire de sens. Si je ne peux plus rationaliser ce que j’ expérimente, si je suis face à un réel qui s’ épuise sémantiquement, je suis comme coupée du monde. Les structures narratives pourraient être alors considérées comme un relai à cet épuisement et c’ est ce que Jean-Louis Comolli explique dans son essai Voir et Pouvoir: « Quand le monde se dérobe à nos perceptions, à notre conscience, à notre expérience même, quand il s’ aliène, s’ estompe, se perd, c’ est dans le retrait du monde que le rideau se lève sur la représentation. » 1
Jean-Louis Comolli parle de la nécessité de ce qu’ il appelle Représentation ou Spectacle. Je l’ appellerais moi Narration, mais ces termes ne sont qu’ une question de sémantique, pour mon développement tous ces termes sont synonymes et parlent de la même chose. Cette phrase de Jean-Louis Comolli peut rappeler celle d’ Hegel qui disait « l’ oiseau de Minerve prend son essor au crépuscule de la vie. ». Autrement dit la réflexion commence lorsqu’ une civilisation s’ achève comme la représentation se lève lorsque notre compréhension du réel se couche pour Comolli. Qu’ il s’ agisse de représentation, de spectacle, de cinéma, de fiction ou documentaire, toutes ces formes auraient pour responsabilité de construire un pont mental entre deux séquences sémantiques * du réel, c’ est-àdire venir combler le vide sémantique, autrement dit l’ absence de sens, que le réel nous a laissé. La structure narrative vient prendre le relai dans un réel indicible et nous aider à l’ ap-
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