Collision Collusion Collision Collusion | Page 14

Contre la dépression et la dissolution en introduction
Je veux parler à travers le cinéma documentaire. A travers, comme mon oeil regarde derrière un prisme. Ce prisme serait ces films, qui ont tous pour point commun, en tout cas en apparence, quelque chose de l’ ordre de l’ introduction de la narration dans une réalité référentielle *; d’ une contamination fictionnelle dans un lieu dit « réel ». C’ est bien le propre du cinéma documentaire d’ être lié par contrat à la réalité référentielle sans la déguiser, contrairement au cinéma dit « de fiction ». Mais ces questions là d’ étiquetage des formes cinématographiques ne sont pas celles liées à ma pratique artistique et me semblent déjà très anciennes. De toute façon, ce contrat établi entre le documentaire et cette réalité référentielle( qui prétend la restituer dans le langage) est déjà biaisé. Le documentaire, comme la fiction, est déjà une représentation. La création de nouvelles formes comme le cinéma-vérité ou le cinéma direct, qui ambitionnent d’ atteindre à la présentation directe du temps, n’ y change rien. Ce n’ est pas l’ étiquette de « cinéma documentaire » en tant que genre qui m’ intéresse mais plutôt de considérer ces films comme une matière donnant à voir, d’ une part quelque chose de non perceptible à première vue, qui dépasserait notre entendement. D’ autre part qui rendrait visible, en questionnant la mise en scène, ce que l’ on essaye de cacher aux autres et à soi-même. Une matière ou un champ d’ exploration qui nous renvoie à quelque chose de plus intelligible pour la conscience humaine que ce qui est appelé « réel ». Qu’ est ce que je sais après tout du « réel »?
* Réalité référentielle: à comprendre selon Jacobson, Linguistique structurale, référent ce qui est en dehors du signe, du langage.
En philosophie le réel s’ oppose à l’ apparence, à l’ illusion, aux ombres de la caverne et peut même devenir Idée platonicienne. Le réel « en soi » devient un concept problématique dans son rapport à la connaissance et au vécu. Kant questionne la relation entre le réel et la connaissance en distinguant le phénomène( que nous connaissons) au Noumène( la chose en soi du phénomène qui reste inconnaissable). Dans son rapport au vécu le réel à besoin du sujet et fusionne avec
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