CERCLE DES FAMILLES #25 Famille et santé Février 2023 | Page 18

LE COIN DES LIVRES

Pendant longtemps , Pozla a prêté peu d ’ attention à ses problèmes de « bide », dont les docteurs disaient qu ’ ils n ’ étaient que « psychosomatiques ». Jusqu ’ au jour où , une fois marié , les premières crises plus aiguës apparaissent , avec au final un diagnostic , sans appel : il souffre de la Maladie de Crohn , une maladie rare , incurable , qui se traduit par une inflammation chronique des intestins !
En son temps , le jury d ’ Angoulême ne s ’ y était pas trompé , ce « Carnet de santé foireuse » est tout à fait remarquable . Pozla réussit , par le biais de l ’ humour , à nous faire partager et même apprécier un récit autobiographique sur ses « problèmes de tuyauterie », qui , il faut bien le dire , pourrait de prime abord rebuter . En effet , qui aurait réellement envie qu ’ un proche lui raconte en long , en large et en travers , ses déboires intestinaux , a fortiori un inconnu - sauf peut-être pour ceux qui connaissent déjà cet auteur à travers sa série « Monkey Bizness » ou ceux qui souffrent de la même maladie ?
Il fallait donc un certain culot pour se lancer dans un tel exercice . Mais Pozla ne manque pas d ’ autodérision ... Il met ainsi ses tripes sur la table au propre comme au figuré , et les déroule sur un peu moins de 400 pages . Et question tripes , il faut tout de même les avoir bien accrochées pour rentrer – aussi profondément - dans l ’ intimité corporelle de l ’ auteur qui nous fait vivre toutes les étapes de sa maladie .
Mais heureusement , le style de dessin avant tout humoristique , et donc schématique , permet de mettre de la distance tout en proposant une représentation appuyée mais caricaturale d ’ entrailles peu ragoûtantes et autres conduits digestifs . Au fil des pages , la maladie se fait plus prégnante . Très vite , le corps n ’ est plus que douleur .
Puis arrive le moment où on touche le fond , où la folie alliée à la douleur est prête à le happer , mais où l ’ instinct de survie est le plus fort . Instant de l ’ électrochoc salvateur . Soudainement , le dessin se fait alors plus poétique , plus onirique , oserais-je dire proche du merveilleux , à certains moments c ’ est tout simplement sublime . Comme si l ’ auteur avait transcendé sa souffrance grâce à son art exutoire et antalgique .

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