Cercle des Familles 2019 #12 Addictions | Page 8

DOSSIER Le corollaire est que la plupart des drogues vont entraîner, par l’intermédiaire de ce système de la récompense, la sécrétion de dopamine. En effet, les drogues procurent du plaisir et c’est pour cela qu’elles établissent plus ou moins une dépendance. L’individu qui est sensibilisé à une drogue va vou- loir s’en procurer à nouveau pour être dans cet état de plaisir. Il cherche à tout prix à éviter le déplaisir. Le sujet devient addict ou dépendant. • Cannabis et ados ? Le circuit de la récompense est à la base du cerveau, il est très archaïque, présent chez tous les mammifères et les reptiles. Chez l’homme, les connexions de ce circuit, avec le néocortex siège de la volonté, est très tardif. Le contrôle par le néocortex ne sera mature qu’après l’âge de 20 ans. Au fil du temps, il va donc y avoir un contrôle par le néocortex du système de la récompense qui va permettre de mieux s’adapter, sous réserve que l’enfant ait une éducation affective satisfaisante, une bonne estime de soi. On comprend que les plus jeunes soient extrêmement sensibles aux drogues. Un jeune adulte, qui commencerait à consommer du cannabis à 20 ans, a peu de chance de devenir dépendant. Ainsi, plus on consomme précocement, plus le risque de dépendance est grand. L’important pour le cannabis est d’essayer de retarder le plus possible l’âge des premières consommations. La « génération Z » est sensible aux explications beaucoup plus qu’aux injonctions et à la morale. C’est important d’avoir des échanges et des discussions au sein des familles : « Expliquer et convaincre plutôt que contraindre ». • Devient-on forcement dépendant lorsqu’on consomme des drogues ? • Existe-t-il d’autres types d’addictions ? « Les produits que l’on appelle stupéfiant entraînent des dépendances qui sont plus ou moins importantes et qui sont acquises après un laps de temps variable en fonction de la substance et de la personne. Il y a des drogues qui donnent plus ou moins de plaisir et d’autres qui donnent plus ou moins de dépendance. Par exemple, le tabac donne peu de plaisir mais provoque une forte dépendance. Le tabac est un des produits le plus addictif que l’on connaisse avec l’héroïne. L’héroïne est très addictive et procure un très grand plaisir ce qui fait son danger. Pour devenir dépendant à l’héroïne il faut en prendre pendant quelques semaines. Pour le tabac, on estime qu’il faut environ 6 à 12 mois pour être dépendant. C’est-à-dire qu’un adolescent qui fume une cigarette par jour pendant 6 à 12 mois va devenir dépendant à vie du tabac. La dépendance au tabac touche près de 95 % des consommateurs. Pour le cannabis, on estime qu’ environ 10 à 15 % des fumeurs sont dépendants. La consommation de cannabis est donc beaucoup moins addictive que celle du tabac ». « Par extension, on parle d’addiction comportementale, c’est-à-dire des comportements qui présentent des points communs avec la dépendance aux drogues. Le plus anciennement connu concerne les jeux de hasard et d’argent, entraînant des conséquences assez proches de celles des drogues : exclusion sociale, problèmes financiers, conjugaux. Ces addictions sont souvent associées à une consommation d’alcool et/ou de tabac, qui souvent les précèdent. • Plus récemment, on parle d’addiction aux écrans. Cette dépendance est plus difficile à cerner car notre vie est envahie par les écrans. Les addictions comportementales interviennent aussi au niveau du 8