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Projet : Le pipeline du nord
de l’Ontario
En 1956, on avait enfin réuni tous les éléments
nécessaires à la construction d’un pipeline permettant
d’exporter le gaz naturel de l’Alberta vers les grands
centres à l’est du Canada. Tous, sauf l’argent.
TransCanada PipeLines Limited (TCPL), une société
d’acheminement du gaz naturel, n’avait mobilisé que
70 % des 375 millions de dollars nécessaires à la mise
en chantier. Selon C. D. Howe, le fondateur de CDL, la
meilleure façon de construire ce pipeline rapidement et
efficacement était de créer une société d’État ayant
pour but de construire la portion du pipeline au nord du
lac Supérieur, puis de la louer à TCPL jusqu’à ce qu’elle
puisse l’acquérir au complet.
Puisque l’on considérait ce pipeline comme un réseau
d’approvisionnement crucial de l’ouest vers l’est, et
compte tenu des débats gouvernementaux qui
menaçaient de faire perdre une année entière de
travaux, le gouvernement libéral a eu recours à la
clôture afin que le Parlement approuve, au début de
juin 1956, les 118 millions de dollars nécessaires au
financement de la société d’État de M. Howe.
Sans tarder, on a fondé la Société de la Couronne
Northern Ontario Pipe Line (NOPL), mais malgré le
succès auquel était voué le pipeline, le débat a terni
l’image de M. Howe et des Libéraux, contribuant à leur
défaite aux élections de l’année suivante.
La NOPL et CDL ont signé deux ententes. Aux termes de
la première, signée le 7 juin 1956, CDL devait fournir du
personnel administratif et de surveillance devant examiner
les estimations de TCPL et rendre compte de l’avancement
des travaux. La seconde, signée le 27 décembre 1956,
concernait les services de construction et d’ingénierie,
et l’aide administrative. CDL devrait donc assurer la
liaison technique avec TCPL, lancer les appels d’offres,
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Le saviez-vous?
Les matériaux nécessaires à la construction du pipeline
du nord de l’Ontario comprennent 223 800 tonnes de
tubes de canalisation, 229 700 tonnes de poids en
béton, 6 890 000 verges carrées de blindage de canali-
sation, 53 tonnes de papier kraft et 161 637 litres de
peinture d’apprêt.
assurer une surveillance générale du chantier et
produire des comptes rendus sur l’avancement des
travaux et sur les coûts. En revanche, elle recevait une
rémunération correspondant au salaire des employés
participant au projet, majoré de 50 % afin de couvrir les
frais généraux.
Joe Bland a été ingénieur des travaux pendant la plus
grande partie des travaux. « Ça a été pour moi une
occasion rêvée de travailler avec une excellente entre-
prise, dont tout le personnel, jusqu’au président, était
formidable. J’ai beaucoup appris au contact de ces
personnes. J’étais toujours fasciné de voir que le président,
Guy Coates, connaissait chacun des employés de son
entreprise, jusqu’au moindre commis de bureau. »
En octobre 1958, le pipeline était enfin terminé, non
sans que CDL et ses entrepreneurs aient eu à surmonter
nombre d’obstacles attribuables au terrain, constitué
surtout de roches et de muskeg. En effet, dans le
muskeg, il fallait maintenir la conduite en place à l’aide
de poids en béton pesant de 3 à 5 tonnes chacun, pour
un total de 55 000 poids, placés à intervalles de près de
3,5 mètres ou de 7,5 mètres sur une distance d’environ
240 kilomètres. De plus, pour les 400 kilomètres de
conduite qui traversent le roc, il fallait en protéger le
revêtement anticorrosion afin qu’il ne s’abîme pas. Il a
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