BCarlington News Magazine 4 | Page 45

11

L’histoire

Avoir une idée de son histoire, des événements importants ne suffit pas pour écrire un roman. Il vous faut tous les tenants et aboutissants pour y arriver.

L’ossature de l’histoire

Avant de faire quoique ce soit d’autre, il vous faut le plan de votre histoire. Où ça commence, où ça termine et quels sont les événements majeurs et mineurs qui mènent vos personnages du point A (départ) au point B (arrivée). Si vous vous lancez sans cette ossature factuelle, que l’on appelle un canevas, vous n’arriverez pas au bout, l’esprit est bien trop enclin à vouloir prendre des chemins de traverse pour ne garder qu’une seule route.

Chaque genre a ces propres codes, ces propres canevas. Avant toute chose, il vous faut définir à quel genre appartient votre ouvrage. Si celui-ci peut s’inscrire dans plusieurs d’entre eux, il vous faut déterminer lequel est mis en avant. Si vous écrivez un thriller avec une romance à l’intérieur, vous vous intéresserez aux canevas des thrillers, si c’est l’inverse, alors ce sera les canevas des romances qui s’appliqueront.

Malheureusement, il est difficile de trouver des canevas tout fait ; en fait, certains auteurs vendent les leurs, chers parfois, surtout s’il s’agit de celui d’un best-seller.

Votre seule alternative est donc de trouver le canevas tout seul. C’est un travail long et fastidieux puisqu’il s’agit de lire des maîtres du genre dans lequel vous écrivez et d’en extirper l’ossature factuelle.

Une fois le canevas en main, appliquez-le à votre histoire. Notez en premier les grands moments de votre scénario, mais attention : ne notez que les faits !

Exemple :

Prenons la 1ère scène du film "Avengers". Dans le canevas, vous noterez « attaque d’un bâtiment du Shield ». Ce que font les personnages à ce moment-là viendra dans le plan d’écriture.

Si cette méthode vous paraît laborieuse, entrez dans votre navigateur web « structure histoire Ostramus » et passez sur la page image. Vous découvrirez alors un tableau détaillant la structure qu’utilisa Georges Lucas pour Star Wars. C’est un canevas complet qui a fait ses preuves depuis quarante ans — et ceux dans bien d’autres genres que l’aventure — et qui est une excellente base de travail pour un débutant.

Ce canevas peut faire un peu peur tant il est détaillé et ne pas sembler convenir à autre chose que de l’aventure, mais en fait, nous avons tous travaillé cette structure un jour à l’école : introduction, développement, conclusion. Cela vous dit quelque chose, n’est-ce pas ?

Vous voilà paré pour écrire l’ossature factuelle de votre histoire.

Le background

Une fois que vous avez votre ossature factuelle, il vous faut le background.

Le background de votre histoire est indispensable pour éviter les incohérences. Il faut impérativement que vous sachiez quels sont les événements qui amène l’élément A par lequel débute votre roman.

Il est donc nécessaire de revenir dans le passé et de déterminer l’élément déclencheur et la suite de faits qui entraîne le début de votre intrigue.

Si on reprend l’exemple de Harry Potter, l’élément déclencheur de l’histoire est la « mort » de Voldemort. Il faut donc revenir loin dans le passé pour expliquer cette mort et ainsi pouvoir commencer l’histoire au moment où Harry reçoit sa lettre pour Poudlard.

Conseil n°1

Inutile d’être trop précis. S’il faut les éléments majeurs pour éviter les incohérences, il n’était pas nécessaire de s’enfermer dans un background trop rigide non plus. Au fil de l’histoire, vous êtes susceptible d’avoir besoin d’ajouter un élément pour faire avancer votre intrigue. Si votre background est trop détaillé, vous serez coincé.

Conseil n°2

Si vous avez des difficultés à établir votre background, inspirez-vous d’événements réels. Il existe beaucoup de livres (ou de sites web) qui détaillent les tenants et les aboutissants d’événements arrivés dans un passé plus ou moins proche. Que se soit un meurtre, des décisions politiques, une romance, le choix est vaste et cela vous donnera une idée de comment les événements ont pu s’enchaîner.

Il existe un exemple particulièrement parlant : Games of Thrones. D’après George R. R. Martin lui-même, toute l’intrigue de sa saga est basée sur les événements de la Guerre des Roses.

• Le plan de l’histoire

Il est grand tant de revenir aux personnages.

→ Si vous avez commencé à ce chapitre-ci, rendez-vous 1. Les personnages.

À présent que vous avez bien en tête (et sur papier) votre histoire, il est temps d’insérer vos personnages. C’est là que vous verrez si vos personnages s’intègrent bien dans l’histoire ou non.

Conseil n°1

Reprenez votre liste de personnages et un par un, détaillez chacune de ses actions en fonction de l’ossature factuelle que vous avez établie.

Essayez de le faire en tableau ou de manière à ce que vous embrassiez d’un seul regard (ou presque) chaque ligne temporelle. Si vous vous êtes bien débrouillé, vous ne devriez rencontrer aucun soucis.

Néanmoins, soyez bien attentif, c’est durant cette étape qu’apparaissent les incohérences du scénario. Si cela arrive, n’hésitez pas à revenir à l’étape précédente afin d’éliminer cette incohérence avant d’aller plus loin.

Il se peut qu’un personnage ne s’intègre pas dans votre histoire. Cela arrive, surtout si on a commencé par créer les personnages. Dans ce cas, vérifiez avant toute chose si vous en avez vraiment besoin. Quel est son rôle dans l’intrigue ? Est-ce qu’il fait avancer l’intrigue ? Si la réponse est non et non, je ne vous dirais qu’une chose : avez-vous vraiment envie de le garder ?

En revanche, si c’est le cas, qu’il fait bel et bien avancer l’intrigue, c’est sa ligne temporelle qu’il faut revoir dans son ensemble. Identifiez le moment où il est utile et reprenez son histoire jusque-là.

Conseil n°2

Cette première étape finie, il faut regarder s’il ne vous manque rien. Relisez attentivement vos lignes temporelles et analyser le schéma de l’histoire dans son ensemble. Si rien ne vous titille ou ne vous choque, alors vous avez votre plan d’histoire terminé.

Si c’est le cas, qu’il semble manquer un élément, peut-être même un personnage, revenez à la liste des personnages que vous aviez mis de côté lors de la création des personnages. Ils étaient présents dans votre idée de départ, mais vous n’aviez pas su exactement quel était leur rôle, c’est donc le moment de leur trouver leur véritable utilité. Pas forcément à tous — si vous en avez plusieurs évidemment — mais au moins à une partie d’entre eux.

Identifiez-le ou les éléments qui manquent et intégrer autant de personnages supplémentaires que nécessaire, tout en ayant bien soin de leur faire un véritable rôle, aussi minime soit-il.

• Les recherches

Même si votre histoire ne met pas en scène de compétence particulière, il est nécessaire de se renseigner sur les moindres détails. Il n’y a rien de plus pénible pour un lecteur qu’une histoire où une enquête policière est prise par-dessus la jambe même si elle n’est pas le sujet central de l’histoire.

Une bonne histoire l’est jusque dans ses détails.

Le plan de l’histoire fait, vous n’aurez aucun mal à identifier les recherches que vous aurez nécessairement à faire pour votre intrigue.

Les détails les plus couramment négligés — hors littérature spécifique — sont les villes, les détails architecturaux, le vocabulaire professionnel dans son ensemble… Vous voyez certainement ce que je veux dire.

Si vous écrivez dans un genre qui demande du vocabulaire, comme la fantasy ou le policier entre autres, ne lésinez pas sur les recherches. Un amateur du genre remarquera immédiatement si vous avez fait votre travail correctement.

Tout de suite, si vous êtes sur un bateau, parler de bastingage plutôt que de barrière fera une vraie différence dans la tête du lecteur.

Conseil n°1

Si vous avez du mal à trouver les renseignements nécessaires autrement qu’en vous renseignant auprès de professionnels — ce qui est toujours délicat —, lisez des maîtres du genre.

Et par pitié, si vous écrivez du policier, ne vous fiez pas aux séries américaines ! Elles sont volontairement truffées d’erreurs pour éviter de donner des idées aux criminels.

Conseil n°2

Pour ce type de vocabulaire spécifique, notez précieusement les livres où ils apparaissent lorsque vous tombez dessus par hasard. Vous ne savez pas si un jour vous n’aurez pas besoin du vocabulaire architectural du XVIIe siècle à Venise. C’est toujours bon d’avoir des références sous le coude en cas de nécessité.

Conseil n°3

Si vous écrivez un roman historique, ou tout autre histoire qui se passe à une autre époque que la nôtre, faites très attention à votre vocabulaire. Ce dernier a souvent glissé de sens au cours du temps et ce qui était vrai au XIIe siècle ne l’est plus forcément au XVIIIe siècle.