BCarlington News Magazine 2 | Page 54

du liquide carmin couvrait sa joue gauche. Ses vêtements noirs luisaient par endroit. Mais ce qui lui faisait le plus peur, était sans doute le sourire cruel qui s’étalait sur le visage de son patron.

C’était dans ces instants-là qu’Anna comprenait comment il avait pu maintenir l’ordre dans le Lagon et en devenir le maître incontesté.

— Le petit est réveillé ?

— Oui Lysandro.

— Bien, fais préparer un plateau et monte-le. Laisse-le dans le hall, je le lui emmènerais quand j’aurais pris une douche.

Anna ne se fit pas prier et remonta presque en courant au restaurant.

*

Lysandro monta à son bureau où il était sûr de mettre la main sur Lee. Il entra et, comme il s’y attendait, celui-ci était assis à son bureau devant une pile de papier. L’asiatique leva les yeux et, même s’il savait parfaitement ce que son patron avait fait jusque-là, il ne put réprimer le mouvement de recul que son état lui inspira. Devant lui se tenait non plus Lysandro de Trincavel mais son double maléfique que tout le monde dans le Lagon surnommait « La Mōrta ». Il était de notoriété publique que Lysandro était schizophrène, depuis son accident.

— Tu as scanné le cristal du gamin ?

— Oui, répondit Lee sans hésiter. Et tu ne devineras jamais qui c’est.

Lysandro haussa les épaules et s’assit face à son bras droit. Il sortit une cigarette et l’alluma. En quelques bouffées seulement, l’aura meurtrière qui l’enveloppait jusque-là se dissipa.

— Vas-y.

— C’est le fils de Nisreen Fayez.

— Tu plaisantes là ?

— Non et si tu veux mon avis, il n’est pas là par hasard.

Un sourire carnassier fleurit sur le visage de Lysandro.

— Tu penses qu’il est venu venger sa mère ?

— Je n’en serais pas surpris.

— Amusant. Et les autres ? Les quatre abrutis ?

Lee fouilla dans les papiers qu’il avait devant lui et en sortit deux.

— Tiens, voilà leur CV et ça ne va pas te plaire.

Le visage du rouquin perdit son sourire à mesure qu’il parcourait les deux feuillets. Puis il les rejeta sur le bureau en soupirant.

— Amara va me faire une crise. Les caméras de la rue ont dû filmer ce qui s’est passé non ?

Lee acquiesça d’un mouvement de tête.

— Bien. Tu en fais une copie et tu envoies ça à l’ambassade allemande. Je suis sûr qu’ils ne voudront pas faire de vague si un de leurs chauffeurs est retrouvé dans la Seine.

— Comme tu veux. Pour le reste, le Conseil des Guildes t’a encore envoyé un ordre de te présenter à la prochaine séance. Tu sais que ce serait peut-être pas mal que tu fasses ton boulot de Maître de Guilde de temps en temps ?

Lysandro écrasa sa cigarette dans le cendrier de son bureau et se leva.

— J’aime pas tous ces cons. Bon, je monte voir notre invité.

Sur ces bonnes paroles, il sortit du bureau sans laisser à son bras droit le temps de répondre et remonta jusqu’à chez lui.

Une fois dans l’appartement, il se retint d’aller jeter un coup d’œil sur le jeune homme avant d’aller prendre une douche. La torture avait excité ses sens et il n’était pas aveugle au point de ne pas avoir vu le superbe corps de son invité forcé malgré les coups. Il se fit violence et entra dans la salle de bain.

Il fronça le nez en songeant à toutes les traces de sang qu’il allait laisser sur le marbre noir. Puis laissant de côté ce problème que la femme de ménage s’empresserait de résoudre, il activa l’eau. Il se débarrassa de ses fringues maculées, défit l’attache qui retenait ses cheveux et se glissa avec un