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INNOVATION [ SUITE ] LA RÉADAPTATION DE DEMAIN : L’EXEMPLE D’UN HABITAT INTELLIGENT ET D’UN PROJET D’ASSISTANT CULINAIRE POUR PERSONNES VIVANT AVEC DES DIFFICULTÉS COGNITIVES N������� B��� ��� ����������� �������� � �'É���� �� ������������ �� �'U��������� �� M�������. E��� � ������ ��� ������������ �� ������������ �� �� ������� �� �������� �� ������������ � �'U��������� �� M�������. E��� � ������ ��� �������� �� ������������ � �'U��������� �� S���������. S�� �������� �� ��������� ������� ��� ��� ������������ ���������� ��������������, ��� ������� �������������, �'���������� ��� ��������� �� �� ��� ����������� �� �� ������������ ��������� ���� ��� ��������� ��������� �� �������� ������ �� �������. S������ G����� ��� ���������� � �’U��������� �� S���������. I� � ������ ��� �������� �� ������������ � �’U��������� �� M������� �� 1993. I� ��� ������������ �� ��������� �� ����������� DOMUS. S�� �������� �� ��������� �������� ��� ������������ �’����������, ��� �������� ������������, �’������������ ������� �� �� ����������� �� ��������. « Pour ce qui est de l’avenir, il ne s’agit pas de le prévoir, mais de le rendre possible. » Antoine de St-Exupéry (1900-1944) Q uel ergothérapeute n’a jamais hésité entre promouvoir l’autonomie ou maximiser la sécurité d’un client présentant des difficultés cognitives? Il est ainsi fréquent qu’un léger doute du professionnel sur l’entière sécurité de la personne prime sur son autonomie. Comment gérer ce phénomène, particulièrement dans le cadre de la préparation de repas? Comment résoudre ce dilemme et gérer les risques ? Compenser l’activité, maximiser les capacités et/ou modifier l’environnement de la personne ? Faire de la réadaptation cognitive? Est-ce suffisant ? Afin de mieux répondre aux besoins de la clientèle vivant avec des difficultés cognitives (c.-à-d. démence, déficience intellectuelle, traumatisme crânien), le laboratoire DOMUS travaille depuis 2002 à concevoir des orthèses cognitives, c’est-à-dire des technologies d’assistance pour la cognition. Ces dernières visent à améliorer le fonctionnement dans les activités de la vie quotidienne et la participation sociale. Ces technologies peuvent être mobiles (ex. application pour téléphone intelligent) ou être intégrées directement dans l'environnement de la personne, prenant la forme d’un habitat intelligent (ex. capteur qui reconnaît et dirige l’errance nocturne). Ainsi, ces travaux visent à augmenter les possibilités de modification de l’environnement de la personne vivant avec des difficultés cognitives pour faciliter son fonctionnement. Ces nouvelles technologies sont aujourd’hui à l’état de prototypes, mais elles représentent bien des possibilités en termes de 10 nouveaux outils pour faciliter et supporter la réadaptation cognitive¹. Actuellement, le laboratoire DOMUS collabore d’ailleurs à un projet de recherche interdisciplinaire novateur qui cible la préparation de repas par des personnes vivant avec les séquelles d’un traumatisme craniocérébral (TCC). Ce projet, subventionné par les Projets de Recherche Concertée en Santé (PRCS) et financé par l’Institut de Recherche en Santé du Canada (IRSC) et le Conseil en Recherches en Sciences naturelles et en Génie (CRSNG), s’intitule « Milieu d’hébergement intelligent pour la clientèle ayant une déficience physique avec prédominance cognitive : de l’implantation à l’évaluation ». Les principales étapes du projet de recherche interdisciplinaire de l’assistant culinaire sont de concevoir une orthèse cognitive pour la préparation de repas pour la clientèle TCC grave, de l’implanter dans une résidence spécialisée et d’évaluer les effets sur le fonctionnement de ces personnes. ¹ La réadaptation cognitive se définit comme étant un ensemble d’activités thérapeutiques systématiques visant à aider une personne ayant des atteintes cognitives à reprendre son autonomie fonctionnelle (Paquette, 2009) telles que la métacognition (favoriser la prise de conscience des forces et des défis), l'acquisition de nouvelles stratégies (ex: utilisation d'un agenda ou d'un téléphone intelligent pour la g estion d’horaire), la modification des facteurs environnementaux (ex. fermer la télévision en cuisinant) ou encore l'entraînement des incapacités cognitives (ex. logiciel d’entraînement des capacités attentionnelles). Erg-go! REVUE DES ERGOTHÉRAPEUTES DU QUÉBEC AUTOMNE 2015_NO.6 Cet article vise à présenter les travaux et les méthodes de travail du laboratoire DOMUS de l’Université de Sherbrooke, ainsi qu’à présenter plus spécifiquement un projet interdisciplinaire, soit le développement d’une nouvelle technologie d’assistance cognitive pour les personnes ayant subi un TCC grave : l’assistant culinaire. L’article sera donc structuré en deux parties. La première section porte sur le laboratoire DOMUS de l’Université de Sherbrooke et sur ses travaux. Ensuite, la seconde section présente le projet de recherche de l’assistant culinaire qui fait suite au projet intitulé « Milieu d'hébergement intelligent pour la clientèle ayant une déficience physique avec prédominance cognitive : de l'implantation à l'évaluation ». Cette dernière section traitera des principes et premières réalisations de l’assistant culinaire, ainsi que de son intérêt pour la réadaptation et les ergothérapeutes. Le but de cet article est de faire connaître les futures pratiques en réadaptation. Actuellement, les délais entre la production de nouvelles connaissances ² en recherche et le transfert de ces connaissances en clinique sont longs, parfois même estimés à plus de dix ans (Landry et coll., 2008; Morris, 2011). Pour réduire ces délais, il est suggéré de communiquer avec les utilisateurs cibles dès le processus de conception, et de vulgariser davantage les travaux de recherche réalisés (Nice, 2005; Graham 2006; Huntink et coll., 2014). De plus, dans les prochaines années, des solutions devront être identifiées afin que les professionnels puissent rehausser leur productivité, compte tenu du contexte de coupures budgétaires infligées au régime de la santé publique québécois et du manque de ressources qui en découlent (Carrier, 2010; Pellacia, 2013). En ce sens, il importe de dégager des solutions afin d'adopter une pratique plus efficiente, et l'utilisation des technologies est une alternative à explorer. Cet article propose ainsi une réflexion pour réduire les délais entre la conception des technologies d’assistance et leur utilisation en milieu clinique. Étant à la phase de développement de l’assistant culinaire – dans le cadre du projet subventionné par les PRCS – cet article ne portera pas sur les résultats, mais vise à donner un avant-goût de la technologie à venir. DOMUS : LE LABORATOIRE DE RECHERCHE EN DOMOTIQUE ET EN INFORMATIQUE MOBILE À L’UNIVERSITÉ DE SHERBROOKE Le laboratoire DOMUS - dirigé par Sylvain Giroux, professeur en informatique et directeur du laboratoire DOMUS et Hélène Pigot, professeure en informatique et ergothérapeute de formation - étudie l’assistance cognitive, le suivi médical et la télévigilance chez la clientèle présentant des troubles cognitifs. Plus précisément, ce laboratoire travaille sur la conception d’orthèses cognitives, soit des technologies d’assistance, qui interviennent pour maximiser ou pallier les troubles cognitifs. Il travaille également à développer des technologies « invisibles » s’intégrant à l’habitat et aux objets d’usage quotidien. La recherche, au laboratoire DOMUS, vise à repenser la façon d’utiliser la technologie pour améliorer la participation sociale, favoriser l’autonomie et améliorer la qualité de vie des personnes atteintes de troubles cognitifs. Le laboratoire DOMUS est également un « laboratoire vivant ³ », ce qui signifie que la recherche est faite en situations réelles avec les acteurs de la communauté, et que les avantages sont autant profitables pour ces acteurs que pour les chercheurs. Ce laboratoire regroupe plusieurs acteurs de recherches interdisciplinaires (informaticiens, ingénieurs, ergothérapeutes, ergonomes) qui collaborent avec les acteurs du milieu de vie réel (gestionnaires, aidants, usagers). Pour les chercheurs du laboratoire DOMUS, comme pour les gens de la clinique, il paraît essentiel d’établir une collaboration étroite et réciproque pour la création d’outils technologiques. [suite page 12] ² Le transfert de connaissances est « un processus dynamique qui englobe différentes stratégies de diffusion et d’appropriation des connaissances en vue de leur utilisation par les milieux de pratique, les milieux de décision ou le grand public. Il s’illustre par un continuum d’activités qui va de la diffusion jusqu’à des pratiques collaboratives (Lemire, N., Souffez, K. et Laurendeau, M.-C..(2009). Animer un processus de transfert des connaissances: bilan des connaissances et outil d’animation. INSPQ ) Repéré à https://www.inspq.qc.ca/pdf/publications/1012_AnimerTransfertConn_Bilan.pdf ³ Pour plus d’informations concernant les laboratoires vivants, consultez le site : http://www.montreal-invivo.com/wp-content/uploads/2014/12/livre-blanc-LL-Umvelt-Final-mai-2014.pdf Erg-go! REVUE DES ERGOTHÉRAPEUTES DU QUÉBEC AUTOMNE 2015_NO.6 11